Merck frappe un grand coup sur le marché des antibiotiques

Merck frappe un grand coup sur le marché des antibiotiques

Dans la course à la croissance à laquelle se livrent les grands laboratoires pharmaceutiques du globe, l’Américain Merck a frappé un grand coup lundi 8 décembre en achetant le spécialiste des antibiotiques Cubist Pharmaceuticals pour 9,5 milliards de dollars, soit 7,7 milliards d’euros.

Fondée en 1992 et basée dans le Massachusetts (nord-est des Etats-Unis), Cubist est connue pour ses traitements contre les maladies nosocomiales. Son médicament vedette (94 % de ses ventes) le Cubicin, antibiotique contre les infections cutanées, vendu dans une cinquantaine de pays, lui a rapporté l’an dernier un peu plus de 966,7 millions de dollars.
Considéré par les analystes comme un futur « blockbuster » – ces médicaments qui rapportent un milliard de dollars par an – le Cubicin devrait voir ses ventes s’élever à 2 milliards de dollars par an à partir de 2017, selon les estimations de Cubist.

Pour s’emparer du spécialiste de « superbactéries » résistantes aux médicaments existants, Merck a mis sur la table 8,4 milliards de dollars en numéraire et reprendra 1,1 milliard de dollars de dette nette supportée par sa future filiale, selon un communiqué.
« Cubist a un pipeline en phase finale très prometteur », justifie le directeur général de Merck, Kenneth Frazier, cité dans le communiqué du groupe. Cette acquisition devrait gonfler le chiffre d’affaires de Merck d’un milliard de dollars l’an prochain, même si elle est neutre sur le bénéfice ajusté par action en 2015 et relutive au-delà. L’opération ne devrait pas non plus être trop difficile à digérer pour Merck qui affiche une capitalisation boursière de 175 milliards.

Surtout, cette acquisition, qui devrait être finalisée au premier trimestre 2015 après le feu vert des autorités réglementaires, va permettre à Merck de se développer dans les antibiotiques. Cubist dispose de plusieurs médicaments en tests cliniques de phase 3, la dernière étape avant une demande de mise sur le marché, notamment contre la pneumonie ou les problèmes intestinaux.
Cette opération intervient dans un contexte de recomposition du paysage pharmaceutique mondial et notamment américain où les grands groupes sont en quête de relais de croissance pour pallier la perte de leurs brevets.
Si les antibiotiques n’étaient pas jusqu’ici considérés comme un créneau très rentable, les analystes font valoir que l’arsenal thérapeutique anti-bactérologique devient insuffisant face à des bactéries développant de fortes résistances. Il va falloir trouver de nouvelles molécules pour vaincre ces résistances aux antibiotiques connus. C’est cette urgence qui rend attractive une « biotech » comme Cubist.

D’autres grands noms de l’industrie pharmaceutique mondiale recommencent à s’intéresser à ce marché des antibiotiques. Ainsi le suisse Roche, qui avait abandonné toute recherche à la fin des années 1990, est revenu en fanfare dans le secteur avec plusieurs acquisitions. En novembre 2013, le leader mondial des anticancéreux a promis de verser jusqu’à 415 millions d’euros pour un antibiotique développé par son compatriote Polyphor pour lutter contre une superbactérie de la famille des pseudomonas. En 2014, il a conclu des partenariats avec le britannique Discuva et la start-up américaine Spero Therapeutics.

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