Délires délicieux (3/10) Quand le non fongible fond !

Délires délicieux (3/10) Quand le non fongible fond !

Je ne peux pas vraiment parler de « schadenfreude », comme le disent si joliment les alémaniques, car je ne souhaite à personne de perdre de l’argent. Mais en observant la chute de la valeur de nombreux jetons non fongibles (NFT), je ne peux m’empêcher de penser que le monde revient à la raison après quelques délires délicieux.

Le krach est étroitement lié à des crypto-monnaies tout aussi moribondes, mais une première sonnette d’alarme a été tirée lorsqu’un premier NFT, celui du fondateur de Twitter Jack Dorsey, est passé de 2,83 millions d’euros l’année dernière à seulement 273 euros en avril, rappelant brutalement que les investissements numériques n’ont aucune valeur dans le monde physique et que leur prix peut varier énormément d’un jour à l’autre. Le secteur a toujours donné l’impression d’une bulle de savon qu’on s’attendait à voir éclater. Mais le simple fait de l’imaginer vous vouait à la géhenne. Impossible de remettre en question cette orthodoxie sans vous faire traiter d’arriéré, d’antimoderniste, de vieux jeu bon pour l’asile.

Quel soulagement de mesurer la volatilité de ces valeurs intangibles dont l’ascension fulgurante a été largement alimentée par le battage médiatique – un battage pour le plaisir du battage – et par la durée d’attention exsangue d’internautes connectés en permanence. Les NFT seront sans doute encore là pour un certain temps et de nouveaux opiums pour investisseurs créés, mais dans un monde fragilisé – guerres et conflits économiques, rappelons-nous la valeur de l’immobilier, de la nourriture et des énergies. Ne sommes-nous pas tous attirés par du plus tangible et du moins non fongible?

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