Claude Meier

Claude Meier

(text in English below)

Entre mondialisation croissante et souveraineté, les tendances sont contradictoires : un juste équilibre est à trouver pour résoudre ce dilemme

La dépendance envers l’étranger n’est pas une préoccupation nouvelle. La crise du pétrole des années 1970, l’augmentation des importations en provenance d’Asie du Sud-Est à partir des années 1980, les effets de la crise financière mondiale de 2007-2008, les conséquences de la pandémie du Covid-19 ou, plus récemment, le conflit de haute intensité en Ukraine, la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza ou encore les attaques des Houthis contre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden sont autant d’événements qui ont mis en évidence la dépendance technologique, de production et d’approvisionnement dans des secteurs stratégiques, non seulement pour la Suisse, mais aussi pour les pays européens. A cela s’ajoutent des causes environnementales ou accidentelles comme les catastrophes d’origine climatiques en Asie ou l’obstruction du canal de Suez par le porte-conteneurs Ever Given en mars 2021, qui soulignent également la fragilité et la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement. Si en période de tensions accrues, un régime de sanctions internationales ou des embargos viennent s’y ajouter, les effets sont d’autant plus accentués.

En ces périodes de crises multiples, la notion de pénurie a (re)fait surface et avec elle celle de souveraineté, au sens d’un accès garanti aux biens, aux technologies et aux services. En conséquence, les questions associées à la souveraineté technologique, industrielle ou numérique, à l’industrie de défense et aux exportations qui y sont liées ou à celles de la dépendance alimentaire ou énergétique de l’étranger ont pris une nouvelle dimension. Elles deviennent de plus en plus déterminantes pour la politique économique et elles contribuent au débat et à la réflexion sur la souveraineté et l’autonomie stratégique dans des domaines critiques.

En se concentrant uniquement sur l’efficacité des coûts et les opportunités de rationalisation, et après l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001, des pans entiers de la production industrielle de l’Europe et des États-Unis ont simplement été transférés en Chine et plus largement dans le sud-est asiatique. Cette désindustrialisation occidentale a clairement négligé la question de la sécurité et des chaînes d’approvisionnement. Essentiellement pour des questions de rentabilité, les sociétés se sont habituées à travailler en flux tendu, à supprimer les stocks (ou du moins à les réduire considérablement) et à compter sur une logistique de moins en moins coûteuse pour son approvisionnement. Ainsi, lorsque le transport se grippe, cela entraîne des pénuries qui peuvent aller de l’approvisionnement en biens de consommation à des pénuries alimentaires dans certaines régions, ainsi qu’un ralentissement économique et, dans le pire des cas, des interruptions de production dues à la pénurie de matières premières ou de pièces et composants essentiels.

Sous l’illusion des dividendes de la paix après la fin de la guerre froide, les armées n’ont pas été épargnées non plus. Pendant des années les dépenses militaires n’étaient plus une priorité. Les états pouvaient investir ailleurs. La réduction des budgets alloués aux armées a donné lieu en Europe à une réduction sans précédent dans l’histoire des capacités de défense, y compris en Suisse.

Le réveil n’en est que plus douloureux. C’est la fin d’une certaine insouciance tant pour assurer la disponibilité de divers biens et services pour l’industrie, l’économie et la recherche que dans le domaine de la défense. Les temps ont changé. Alors qu’une nouvelle normalité semble s’installer, il est temps de construire le monde d’après, en évaluant soigneusement les nouvelles situations qui se sont imposées. Il s’agit maintenant d’envisager l’avenir en prenant en compte des situations d’urgence et en adoptant une approche à moyen et long terme, loin des déclarations précipitées et en tenant compte notamment de notre capacité de résistance et de notre résilience.

De fait, il s’agit d’un enjeu de dimension stratégique pour notre industrie et notre économie et il en va de notre souveraineté industrielle et technologique. Les réflexions engagées doivent conduire à déterminer le degré de dépendance ou d’indépendance du pays dans les domaines de la technologie, de l’industrie, de la recherche, de la numérisation et de la défense, pour ne citer que ceux-ci. La prise de conscience des enjeux liés à la souveraineté technologique doit contribuer, à terme, à réduire la dépendance de la Suisse vis-à-vis de l’étranger dans des domaines clés et de s’assurer que le pays dispose de compétences technologiques, de connaissances et de capacités industrielles essentielles.

Seules des solutions durables et qui s’inscrivent dans le temps long peuvent offrir à notre économie la sécurité dont elle a besoin pour affronter les périodes de tempête sans qu’elles ne soient remises en question à la première éclaircie. Pour esquisser les contours de cette nouvelle normalité, il peut être utile de se référer à quelques-uns des principes de la conduite militaire tels que la liberté de manœuvre ou la sûreté. Le défi est de taille. Il s’agit de trouver un équilibre entre une pratique économique qui vise à libéraliser à outrance en délocalisant la production à l’étranger (offshoring) et une stratégie nationale visant à protéger la souveraineté technologique et industrielle de notre pays qui s’appuie sur des chaînes d’approvisionnement diversifiées et résilientes, capables de résister aux vulnérabilités géopolitiques et prendre en compte la transition énergétique.

Concrètement, il s’agit de rendre l’approvisionnement et la production plus résistants aux chocs et aux crises. Améliorer sa résilience et renforcer sa marge de manœuvre stratégique sont des mesures qui visent à réduire les vulnérabilités et risques induits et à se protéger des surprises et des influences extérieures, telles que la volatilité des marchés ou les situations particulières ou extraordinaires, comme celles décrites plus haut. Par ailleurs, il s’agit d’acquérir et de conserver une liberté de manœuvre suffisante par des planifications prévisionnelles – les plans B – et de se protéger autant que possible des surprises. Anticiper, permet de ne pas seulement subir, mais aussi de pouvoir prendre l’initiative le cas échéant. Cela implique de planifier et de tenir à disposition des réserves humaines et matérielles. Cette façon de penser et d’agir, qui ne repose pas uniquement sur des critères économiques et à l’approche “just in time”, mais aussi sur la disponibilité de stocks appropriés ou même seulement de provisions tampons aux points critiques de la supply chain, a bien évidement un coût. Et ce n’est que lorsqu’il existe un rapport raisonnable entre l’effet escompté pour atteindre l’état final recherché et les inconvénients pris en compte et acceptés, y compris en termes financiers, qu’il peut être question de mesures ou de stratégies adaptées. Il ne doit pas y avoir de disproportion entre ces inconvénients et les bénéfices escomptés. Tout l’enjeu consiste à trouver le juste équilibre.

Lorsqu’une entreprise choisit son site de production et ses fournisseurs, elle cherche avant tout à minimiser les coûts. Cependant, les quelques exemples ci-dessus ont également mis en évidence les risques d’une telle stratégie. Pour atteindre une plus grande résilience, il convient donc de veiller, dans la mesure du possible, à disposer d’une planification prévisionnelle de stocks pour certains biens et à considérer une diversification des ou de certains fournisseurs. Remplacer ou compléter le “just in time” par le “just in case” semble être une piste prometteuse. Cette approche comporte toutefois des risques en termes de gestion des stocks, notamment le risque de surstockage. Elle reste néanmoins un instrument de gestion de crise pertinent dans le contexte géopolitique et économique actuel. Tout l’art consiste à combiner le meilleur des deux systèmes sans devenir trop dépendants ni de l’un ni de l’autre.

Cette situation présente des similitudes avec le secteur militaire, et notamment avec la logistique d’engagement. En effet, à ce sujet il convient de relever que les opérations militaires – et en particulier celles de haute intensité – et la logistique de combat sont caractérisées par des exigences opérationnelles confuses, mal définies et pouvant changer rapidement, y compris le déploiement à court terme de troupes, de leur équipement et, bien souvent, de matériel non standard en tant que besoin opérationnel urgent. Comme dans l’industrie, des scénarios inattendus, imprévisibles et uniques nécessitent des hausses subites de la demande avec parfois des préavis extrêmement courts. De surcroit, les actions hostiles de l’ennemi entraînent des interférences, des pertes et de l’attrition. Parmi les questions clés de la logistique de combat, on peut citer celles-ci : quel approvisionnement en munitions et de quel type est nécessaire, où et quand ? Combien de blocs d’entraînement d’essieux pour les véhicules, de batteries radio, de joints et autres filtres à air ou à carburant ? L’indisponibilité de certains articles peut avoir de conséquences catastrophiques sur la conduite des opérations et, ultimement, sur le cours d’une guerre. Le véritable examen d’un système logistique militaire n’est pas son efficacité quand tout va bien, mais ce qui se passe quand tout va mal, en particulier sa capacité à faire face à des évènements inattendus et des scénarios militaires difficiles tels que des mobilisations et des engagements à brève échéance dans des conditions hostiles. La conduite des opérations militaires dépend de nombreuses variables imprévisibles et la livraison de biens, d’équipements et de services peut passer du “just in time” à “just to late” en un seul instant, avec des conséquences fatales. Pour cette raison, les armées, y compris en Suisse, se doivent de disposer d’une logistique robuste et de stocks suffisants, notamment de munitions, de carburants et de pièces de rechange, afin de pouvoir assurer la capacité à durer matérielle des forces engagées, même sur une longue durée. La logistique prédictive n’est pas la solution à toutes les difficultés rencontrées sur le terrain. Après les fortes réductions des dernières décennies, il est devenu clair que non seulement les stocks doivent être augmentés, mais que les systèmes doivent également être entretenus en permanence, si nécessaire en passant des accords avec des entreprises industrielles et artisanales, ainsi que des prestataires de services privés et publics. Un élément additionnel à prendre en considération est la capacité de production nationale de l’industrie en cas de crise et son aptitude à l’augmenter, voire à passer à une économie de guerre, pour reprendre un terme qui est revenu à la mode depuis quelque temps.

Personnellement, je ne m’attends guère à ce qu’à long terme la mondialisation croissante avec l’internationalisation des échanges qu’elle implique, ralentisse fortement ou même ne s’arrête. Nous pouvons toutefois nous attendre à une certaine réorganisation qui, je l’espère en tout cas devrait s’accompagner d’une gestion plus prudente des risques et prendre en compte ceux associés aux flux d’approvisionnement, notamment lorsque celles-ci sont tributaires de la stabilité géopolitique mondiale ou de la situation sécuritaire régionale dans des pays lointains. Afin de créer un environnement favorable au développement et au maintien des technologies critiques dans le pays, les réflexions initiées dans certains secteurs pourraient s’inspirer de quelques-uns des principes de la conduite militaire et conduire à une plus grande autonomie stratégique. Dans certain cas, le renforcement de la souveraineté technologique et industrielle pourrait s’accompagner d’une relocalisation (reshoring) ou d’une “délocalisation de proximité” (nearshoring), c’est-à-dire d’un rapatriement (ou tout au moins d’un rapprochement) de certaines activités spécifiques et/ou de fournisseurs et de sous-traitants auparavant délocalisés à l’étranger, parfois même à très grandes distances.

Entre mondialisation croissante et souveraineté, les dynamiques sont contradictoires. Pour résoudre ce dilemme et contribuer au développement favorable pour la Suisse d’un espace technologique, industriel et économique capable de relever les défis futurs dans un contexte sécuritaire volatile, incertain et complexe, il faut trouver le bon équilibre entre les deux, tant avec pragmatisme que réalisme. D’une certaine manière, il semble opportun d’intégrer une portion de “just in case” dans nos réflexions prospectives et nos planifications stratégiques.

GB

There are conflicting trends between increasing globalization and sovereignty: the right balance needs to be found to resolve this dilemma

External dependence is not a new concern. The oil crisis of the 1970s, the increase in imports from Southeast Asia from the 1980s onwards, the effects of the global financial crisis of 2007-2008, the consequences of the Covid-19 pandemic or, more recently, the high-intensity conflict in Ukraine, the war between Israel and Hamas in the Gaza Strip, or the Houthi attacks on maritime traffic in the Red Sea and the Gulf of Aden are all events that have highlighted the technological, production and supply dependency in strategic sectors, not only for Switzerland, but also for European countries. Environmental or accidental causes, such as climatic disasters in Asia or the blockage of the Suez Canal by the container ship Ever Given in March 2021, also highlight the fragility and vulnerability of supply chains. Add to this a regime of international sanctions or embargoes at a time of heightened tension, and the effects are even more accentuated.

In these times of multiple crises, the notion of scarcity has (re)emerged, and with it that of sovereignty, in the sense of guaranteed access to goods, technologies and services. As a result, questions related to technological, industrial, or digital sovereignty, to the defense industry and its related exports, or to dependence on foreign food or energy supplies have taken on a new dimension. They are becoming increasingly decisive for economic policy and contribute to the debate and reflection on sovereignty and strategic autonomy in critical areas.

Focusing solely on cost efficiency and rationalization opportunities, and following China’s accession to the WTO in 2001, entire segments of European and American industrial production were simply shifted to China and, more broadly, to Southeast Asia. This Western de-industrialization clearly neglected the issue of security and supply chains. Largely for reasons of profitability, companies have become accustomed to working just-in-time, eliminating stocks (or at least greatly reducing them) and relying on increasingly low-cost logistics for their supplies. As a result, when transportation is disrupted, the consequences can range from shortages of consumer goods to food scarcity in certain regions, as well as economic slowdowns and, in the worst case, production disruptions due to shortages of raw materials or critical parts and components.

Under the illusion of a peace dividend after the end of the Cold War, armies were not spared either. For years, military spending was no longer a priority. States could invest elsewhere. In Europe, the reduction of budgets allocated to the armed forces led to a historically unprecedented reduction in defense capabilities, including in Switzerland.

This makes the wake-up call all the more painful. It’s the end of a certain carefree attitude to ensuring the availability of various goods and services for industry, business, research, as well as in defense. Times have changed. Now that a new normal seems to be settling in, it’s time to build the world afterwards by carefully assessing the new situations that have arisen. We now need to look to the future, taking into account emergency situations and adopting a medium- and long-term approach, far from hasty declarations and taking into account, in particular, our capacity for resistance and resilience.

In fact, this is a strategic issue for our industry and economy, and our industrial and technological sovereignty is at stake. The discussions that have begun should help to determine the degree of dependence or independence of our country in the fields of technology, industry, research, digitalization and defense, to name but a few. Awareness of the stakes involved in technological sovereignty should ultimately help to reduce Switzerland’s dependence on foreign suppliers in key areas, and ensure that the country possesses essential technological skills, knowledge and industrial capabilities.

Only sustainable, long-term solutions can provide our economy with the security it needs to weather stormy times without being challenged at daybreak. To sketch out the contours of this new normal, it may be useful to refer to some of the principles of military conduct, such as freedom of action or security. The challenge is considerable. It consists of striking a balance between an economic practice aimed at maximum liberalization through offshoring and a national strategy aimed at protecting our country’s technological and industrial sovereignty, based on diversified and resilient supply chains capable of withstanding geopolitical vulnerabilities and taking into account the energy transition.

In practice, this means making supply and production more resilient to shocks and crises. Improving resilience and strengthening strategic room for maneuver are measures aimed at reducing vulnerabilities and induced risks and protecting against surprises and external influences, such as market volatility or special or extraordinary situations as described above. In addition, the aim is to gain and maintain sufficient room for maneuver through contingency planning – Plan B – and to protect ourselves as much as possible from surprises. Anticipation means not only being able to endure, but also being able to take the initiative when necessary. This means planning ahead and maintaining human and material reserves. This way of thinking and acting, which is based not only on economic criteria and the “just in time” approach, but also on the availability of appropriate stocks or even just buffer stocks at critical points in the supply chain, obviously has its price. And only if there is a reasonable relationship between the expected effect to achieve the desired end-state and the considered and accepted disadvantages, also in financial terms, can we talk about appropriate measures or strategies. There must be no disproportion between these disadvantages and the expected benefits. Finding the right balance is the challenge.

When a company chooses its production site and suppliers, its primary objective is often to minimize costs. However, the examples above also highlight the risks of such a strategy. To achieve greater resilience, it is therefore advisable to ensure, where possible, that contingency plans are in place for inventories of certain goods, and to consider diversifying to or from certain suppliers. Replacing or complementing “just in time” thinking with “just in case” thinking appears to be a promising approach. However, this approach entails risks in terms of inventory management, particularly the risk of overstocking. Nevertheless, it remains a relevant crisis management tool in the current geopolitical and economic context. The trick is to combine the best of both systems without becoming overly dependent on either.

This situation has similarities to the military sector, and in particular to operational logistics. In fact, military operations – and especially high-intensity ones – and combat logistics are characterized by confusing, ill-defined, and rapidly changing operational requirements, including the short-term deployment of troops, their equipment, and often non-standard material as urgent operational needs. As in industry, unexpected, unpredictable and unique scenarios require sudden increases in demand, sometimes on extremely short notice. In addition, hostile enemy action causes interference, loss and attrition. Key questions in combat logistics include: what type of ammunition supply is needed, where, and when? How many axle drive units for vehicles, radio batteries, seals and other air or fuel filters? The unavailability of certain items can have catastrophic consequences for the conduct of operations and, ultimately, on the course of a war. The true test of a military logistics system is not how effective it is when things are going well, but what happens when things are going badly, particularly its ability to cope with unexpected events and difficult military scenarios such as short-notice mobilization and deployment in hostile conditions. The conduct of military operations depends on many unpredictable variables, and the delivery of goods, equipment and services can go from “just in time” to “just too late” in an instant, with deadly consequences. For this reason, the militaries – including the Swiss armed forces – need robust logistics and sufficient stocks, especially of ammunition, fuel and spare parts, to ensure the physical sustainability of the forces involved, even over long periods of time. Predictive maintenance and logistics are not the solution to all the difficulties in the field. After the sharp drawdowns of recent decades, it has become clear that not only must stocks be increased, but systems must also be maintained on an ongoing basis, if necessary through agreements with industrial and artisanal firms, as well as private and public service providers. Another element to be taken into account is the national production capacity of the industry in the event of a crisis, and its ability to increase it, or even to switch to a war economy, to use a term that has recently come back into vogue.

Personally, I don’t expect the increasing globalization and internationalization of trade to slow down much or even to stop in the long run. However, we can expect a certain amount of reorganization, which I hope will be accompanied by more prudent risk management, taking into account the risks associated with supply flows, especially when they depend on global geopolitical stability or the regional security situation in distant countries. In order to create an environment favorable to the development and maintenance of critical technologies in the country, the reflection initiated in certain sectors could be inspired by some of the principles of military conduct and lead to greater strategic autonomy. In some cases, the strengthening of technological and industrial sovereignty could be accompanied by reshoring or nearshoring, i.e., the repatriation (or at least the approaching) of certain specific activities and/or suppliers and subcontractors previously located abroad, sometimes even at very great distances.

The dynamics between increasing globalization and sovereignty are contradictory. In order to resolve this dilemma and contribute to the development of a technological, industrial and economic space that is beneficial to Switzerland and capable of meeting future challenges in a volatile, uncertain and complex security context, we need to find the right balance between the two, with both pragmatism and realism. In a way, it seems appropriate to include a portion of “just in case” in our forward thinking and strategic foresight.

Leave a reply