[Tribune] Série A-(lléluia) (4/5)

Mais où sont les haies ?!
La course se poursuit à pleine vitesse mais la piste est libre de toutes entraves. Plus de haies, plus de peaux de bananes, la voie est libre : le lead est là. Après 3 ans, 6 jours et 18 heures de travail un investisseur, un vrai, a enfin signé en bas de votre shareholder agreement. Il y croit, dur comme fer, presque plus que vous-même. Quelle étape ! Vous n’êtes plus que 20% des coureurs en lice et beaucoup, beaucoup, se sont fait arrêter par le chrono intermédiaire.
Et dire que cela fait 4 fois, en douze mois, qu’un lead vous promet cet investissement. Et se rétracte. Sans donner trop de nouvelles d’ailleurs. En définitive, et pour des raisons que vous ne connaitrez jamais vraiment, vous n’êtes plus le « coup du jour ». Peut-être même que votre nouvel allié, qui vient de signer avec son sang auprès de vous et celui-là même qui s’était retracté hier, auprès de votre ancien camarade d’école d’ingénieur qui lui-même est en train de lever des fonds ? Qu’à cela ne tienne c’est le jeu et à vrai dire c’est cela, ce stress, ces montagnes russes, ces 32 saisons en une journée, que le coureur aime. Il aime avoir peur. Il aime se sortir des pires ornières et remonter au firmament, sans jamais perdre son enthousiasme, sans jamais perdre la foi.
Maintenant que le lead est en place, que vous avez digéré cette fichue valo divisée par deux depuis le début des négociations et que vous avez deux nouveaux acolytes plus riches et puissants que vous au board, il est temps de boucler le tour, avec ceux qui, depuis toujours n’attendaient que le lead pour vous suivre. 478 coups de fils plus tard, 32 in-person meeting et 3h de psychanalyse vous auront permis de comprendre que -Non les leads ne sont pas les seuls à se rétracter. Tout le monde a peur d’investir la prunelle de ses actifs financiers, dans votre projet. Ce n’est pas qu’ils ne croient pas en vous mais…Quand même…Vous êtes un peu confiant. Arrogant ? Non tout de même pas…Et puis ce que vous faites c’est quand même…Un peu nouveau non ? (Voir même complétement fou). Ben oui, personne ne l’a jamais fait. (Le paradoxe du risque risqué. Le mythe de l’investisseur investi).
Même si le proverbe « un de perdu dix de retrouvés » pourrait aisément dans ce cas s’inverser pour « dix de perdus, un de retrouvé », vous finissez par le boucler ce Tour A – First Round – Première levée de fonds.
La larme à l’œil vous rentrez à la maison à la fois fier et nostalgique. Le tour du monde des VCs en 80 jours ça vous manquerait presque ?
Pas d’inquiétude, on lève toujours mieux des fonds quand on n’en a pas besoin alors en selle et c’est parti pour le B-Round. En avant Guingamp !

A suivre.