Difficile, voire impossible, de dénicher la moindre note d’optimisme dans les 77 pages du dernier rapport de la Cour des comptes européenne. Ce document glaçant met en lumière un fait désormais incontestable : l’Europe est à la traîne sur le marché stratégique des micropuces. Et ce n’est pas seulement un retard – c’est un décrochage.
Aujourd’hui, imaginer rattraper les États-Unis ou la Chine semble irréaliste. Or les puces sont partout : dans nos voitures, nos hôpitaux, nos avions, nos téléphones, nos industries. Chaque voiture moderne en contient déjà 1500, un chiffre appelé à doubler d’ici 2030. Sans ces microprocesseurs, rien ne fonctionne.
Annemie Turtelboom, rapporteuse du rapport, le dit sans détour : « Les micropuces sont le cerveau des systèmes modernes. »
Alain-Serge Porret, du CSEM, rappelle une vérité implacable : l’Europe ne détient plus que 10 % du marché, contre près de 50 % pour les États-Unis. L’Asie, quant à elle, contrôle une part toujours croissante, non seulement dans la production, mais sur toute la chaîne de valeur. Le risque ? Perdre non seulement notre compétitivité industrielle, mais surtout notre autonomie stratégique.
Marcel Salathé, de l’EPFL AI Center, enfonce le clou : « Les puces sont les moteurs du XXIe siècle. Si l’Europe ne peut pas les fabriquer, elle restera dépendante et vulnérable. »
Ce n’est pas simplement une question d’industrie ou d’économie. C’est une question de souveraineté, de sécurité, de résilience. Si nous voulons garder le contrôle de notre avenir technologique – et politique –, il nous faut agir vite. Investir, produire, innover. Sans cela, l’Europe risque de devenir un simple marché, pas un acteur.
Et dans ce monde interconnecté où tout passe par des circuits imprimés, être un simple client, c’est déjà perdre la partie.
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