Un nouveau Merck Serono serait-il en train de naître à Genève?

Un nouveau Merck Serono serait-il en train de naître à Genève?

Un nouveau Merck Serono serait-il en train de naître à Genève? La question est toujours plus légitime, alors que la société de Plan-les-Ouates GeNeuro SA vient de signer un partenariat inédit avec le groupe Servier. Le géant pharmaceutique français lui rachète une option sur les droits de commercialisation, hors Etats-Unis et Japon, d’un traitement à l’essai contre la sclérose en plaques pour 47 millions de dollars.

Ce montant va permettre à la PME de continuer le développement clinique de cette molécule. En cas de succès, Servier prendra en charge les coûts du développement d’essais supplémentaires et versera à GeNeuro des royautés jusqu’à 408 millions de dollars au fur et à mesure de l’enregistrement et de la commercialisation du médicament.

Sur ces dix dernières années, les partenariats dans les sciences de la vie entre une start-up et un grand groupe portant sur de tels montants se comptent sur les doigts de la main. La thérapie de GeNeuro est particulièrement prometteuse. «Les traitements actuels contre la sclérose en plaques [comme Rebif de Merck Serono, Gilenya de Novartis ou Tecfidera du groupe américain Biogen] se focalisent sur le système immunitaire du patient. Nous nous pensons avoir mis au point une molécule qui traite une cause de la maladie», lance François Curtin, directeur de GeNeuro.

Autre avantage de taille: la thérapie, sans attaquer le système immunitaire, ne permet pas aux maladies opportunistes de venir affecter les patients, comme c’est souvent le cas avec les traitements actuels. Appelé GNbAC1, la molécule de GeNeuro cible une protéine, dite MSRV-Env, qui s’active à un stade précoce de la sclérose en plaques et pourrait être un des principaux facteurs de la progression de la maladie.

Une dizaine de géants pharmaceutiques sont venus frapper à la porte de GeNeuro suite à la publication de ses résultats dans des revues scientifiques de haut rang en 2013. La société, qui compte de grands noms au sein de son conseil consultatif, peut d’autant plus rayonner à l’international. «Cela a permis à GeNeuro de rester indépendant. En outre, en gardant les droits pour les marchés US et japonais, la société conserve plus de 60% du marché mondial», précise Jesús Martin-Garcia, président du conseil d’administration de GeNeuro. «Un nouveau Merck Serono pourrait se développer à Genève sur la base de ce partenariat», ajoute celui qui est également directeur d’Eclosion. Le groupe Merck Serono, dont le produit phare Rebif traite aussi la sclérose en plaques, a quitté Genève pour Darmstadt, en Allemagne, en 2013.

La Fondation des sciences de la vie Eclosion et le fonds privé du même nom accompagnent GeNeuro depuis ses débuts. La start-up a même été fondée au sein de l’incubateur en 2006, comme une spin-off du groupe biotech bioMérieux, par un chercheur français, Hervé Perron. La jeune pousse bénéficie également d’un important soutien financier de l’institut Mérieux. En tout, GeNeuro a déjà pu compter sur un financement de 30 millions de francs.

Cette somme a permis à la société de développer son idée, de mettre au point la molécule dans ses laboratoires et de procéder à des premiers tests très concluants, sur une trentaine de sujets sains (Phase 1) puis dix patients en Suisse (Phase 2A), pour déterminer les éventuels effets secondaires. «Ces premiers test ont montré qu’il n’en y a aucun de notable et qu’en plus la maladie semble se stabiliser avec notre thérapie, relève François Curtin, même si la taille de la cohorte et le temps de traitement ne permettent pas encore de tirer des conclusions définitives». Les prochaines étapes avant une éventuelle commercialisation, les Phases 2B et 3, devraient s’étendre sur une période de 5 à 7 ans sur un échantillon très vaste de patients dans le monde.

La sclérose en plaques est une pathologie auto-immune et neuro-dégénérative affectant le cerveau et la moelle épinière. Quelque 2,3 millions de personnes seraient touchées par la maladie dans le monde et son marché est évalué à 14,2 milliards de dollars. GeNeuro emploie aujourd’hui seize employés répartis entre Plan-les-Ouates, Archamps et Lyon, un chiffre qui est appelé à croître.

Plus

Leave a reply