Oppenheimer pose des questions d’une cruelle actualité

Oppenheimer pose des questions d’une cruelle actualité

J’ai profité de ces vacances pour visionner le film « Oppenheimer » réalisé par Christopher Nolan, un biopic consacré à celui que l’on a baptisé “le père de la bombe atomique”. Une œuvre passionnante que je vous invite à découvrir pas seulement pour la qualité cinématographique, mais bien pour les questions qu’elle suscite … et qui sont toujours actuelles.

Au cœur de ces dernières, la question de la responsabilité scientifique qui est bien plus complexe qu’on ne pourrait le penser. Il y a ceux qui, obnubilés par l’enjeu scientifique, ne se posent guère de questions d’ordre moral, ou tout simplement humain. A l’opposé, d’autres refusent tout bonnement de contribuer au développement d’une arme de destruction massive. Mais les fronts ne sont pas figés et plus on approche de la bombe, plus les doutes sont perceptibles. Alors, on se réfugie dans des convictions : oui contre les Nazis, non contre l’humanité, oui pour la dissuasion, non pour l’utilisation. Reste cette réponse cinglante des militaires : vous les scientifiques, votre rôle était de mettre au point la bombe, désormais c’est à nous de décider de son utilisation… quitte à détruire l’humanité, puisque les scientifiques jugeaient la probabilité non nulle.

Il s’agissait de physiciens, mais ces mêmes questions habitent de nombreuses autres sciences dont la biologie et la médecine. Pas étonnant que cette œuvre s’ouvre sur la figure de Prométhée, le Titan qui a dérobé le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes. S’estimant trompé, Zeus l’avait condamné à être enchaîné à un rocher et à avoir le foie dévoré par un aigle, chaque jour, l’organe repoussant pendant la nuit. Un supplice sans fin qui a introduit la notion de culpabilité dans notre rapport au progrès, incarné par le feu … et le réalisateur de conclure dans les mots de Strauss, le Commissaire puis président de la Commission à l’énergie atomique : « Le génie n’assure pas la Sagesse » … mais dans notre monde, qui jouera le rôle du roi des dieux ?… ou beaucoup mieux, qui préservera des hommes et des femmes d’une vie avec des morts sur la conscience ?

Benoît Dubuis
Président – Fondation Inartis

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