« Les entreprises suisses tiennent le choc », « les grandes entreprises lancent des programmes d’économies afin d’éviter la faillite et de permettre de sauver des milliers d’emplois ». Le ministère de l’économie et son plan de sauvetage de 80 milliards de francs ne seraient-ils pas aux antipodes de la destruction créatrice prônée par Schumpeter ?
Bien au contraire, il semblerait que la Suisse soit engagée sur la route du fragile équilibre entre stabilité et innovation. Contrairement au plan de sauvetage total engagé par certains gouvernements européens vis-à-vis de leurs entreprises, la Suisse propose des crédits aux entreprises loin d’être automatiques et orientés vers l’avenir. Encore une fois, la Suisse va miser sur cette liberté individuelle qui lui est propre.
Grâce à la plus grande stabilité économique procurée aux entreprises par le gouvernement, la main invisible de Smith va pouvoir opérer : les grandes entreprises et les PME loin d’adopter une vision à court terme et visant des dividendes vont pouvoir par la formation et l’innovation réinventer des pratiques devenues obsolètes notamment dans des secteurs ayant une croissance nulle tel que le commerce de détail.
Face à la crise, la Suisse a bel et bien opté pour la destruction créatrice de Schumpeter. Certes les faillites sont contenues et les emplois sauvegardés par le gouvernement mais cette stabilité ancrée dans l’ADN suisse n’a de sens qu’avec un processus d’innovation. Loin d’une intervention totale de l’État, les entreprises sont maintenant libres d’investir dans la formation et l’innovation pour une vision à long terme. Malgré cette aide gouvernementale, la Suisse semble donc toujours croire en la main invisible de Smith.
Paul Gonin
Étudiant en Sciences Politiques
Fondation Inartis – Paris