Le laboratoire pharmaceutique Roche va verser 200 000 euros pour soutenir le programme Epidemium, lancé par La Paillasse, un laboratoire parisien dédié au biohacking. …
Présenté comme une initiative inédite, il s’agit d’un programme de recherche scientifique participatif et ouvert, dédié à la compréhension du cancer grâce aux big data. « C’est une approche complètement nouvelle de l’épidémiologie, qui nécessite la collaboration de nombreux experts, dont des data scientists et des mathématiciens. Une expertise dont nous ne disposons pas en interne » détaille le département innovation du laboratoire.
L’initiative, dont le coup d’envoi officiel est prévu en octobre prochain, prendra la forme d’un « data challenge ». Baptisé « Challenge4Cancer », il s’étalera sur une période de six mois et s’adresse à des profils variés. Etudiants, chercheurs, médecins, patients… Tous sont invités à participer. « Nous voulons mélanger des experts et des amateurs. La bonne idée ne vient pas forcément de là où on l’attend. Tout est une question d’itération » estime Olivier de Fresnoye, membre de la communauté de La Paillasse en charge du programme Epidemium. « Pour le moment, nous préparons de manière très consciencieuse un cadre de travail », poursuit le coordinateur du projet. L’objectif est de générer une émulation au sein de la communauté pour mettre sur pied des équipes pluridisciplinaires. Les organisateurs espèrent en voir s’en monter une cinquantaine.
Une fois constituées, les équipes travailleront sur des jeux de données ouvertes et variées (données de transports, de météorologie, de pollution, etc). Quelques entreprises, dont le nom n’a pas été dévoilé, pourraient également mettre à disposition leurs données après un processus d’anonymisation et sous réserve de l’accord de la Cnil. L’idée est de faire émerger, grâce entre autres à des algorithmes de machine learning, de nouvelles approches de prises en charge des patients, de nouvelles voies de prévention ou de nouveaux traitements, et de basculer dans une logique prédictive. Tout au long du programme, les équipes devront publier de manière régulière les avancées des projets sur un Wiki. « Comme pour Wikipedia, l’ensemble des connaissances générées par la communauté Epidemium sera en libre accès, offrant la possibilité de réagir, de documenter, d’améliorer l’ensemble des projets au fur et à mesure de leur avancement, permettant in fine de structurer un savoir commun sur l’épidémiologie du cancer », détaille le communiqué de presse.
Au cours de la période, dix projets seront sélectionnés pour participer à la finale. Cette sélection s’effectuera selon une grille d’évaluation, en cours d’élaboration, et par un comité d’éthique. Dédié à s’étoffer, il est aujourd’hui composé de personnalités comme Gilles Babinet, digital champion auprès de la Commission européenne, Camille François, membre du conseil scientifique de Wikimedia France, ou encore le Dr Cécile Monteil, urgentiste pédiatre, et le professeur Bernard Nordlinger, chirurgien digestif et oncologue. L’initiative espère faire avancer la recherche en épidémiologie du cancer, mais aussi favoriser le développement de projets concrets, et pourquoi pas de nouvelles start-up. Toutefois, chaque équipe sera libre de poursuivre, ou non, le développement de son innovation. « Roche n’aura aucun privilège sur les projets » assure Olivier de Fresnoye…