Il peut sembler incongru, dans une publication liée à l’innovation, à la santé ou à la recherche scientifique, d’évoquer la disparition d’un chef religieux. Et pourtant, il serait réducteur – voire aveuglant – de ne pas reconnaître que, dans nos métiers, nous touchons bien souvent à des questions profondément humaines, et donc profondément éthiques. La science ne vit pas dans un vide moral. Elle avance, elle interroge, elle bouscule. Et elle a besoin, pour ne pas se perdre, de dialogues exigeants avec d’autres sphères de sens.
La parole de l’Église, qu’on la suive ou non, fait partie de ces voix qui comptent. Elle ne dicte pas aux chercheurs ce qu’il faut penser, mais elle invite chacun – croyant ou non – à réfléchir aux conséquences de ce que nous faisons. Et en retour, l’Église n’est pas figée. Elle observe, elle apprend, elle dialogue avec les scientifiques. En témoigne le rôle de l’Académie pontificale des sciences, fondée il y a plusieurs siècles et toujours active, qui accueille en son sein des figures de renom issues de toutes disciplines, de toutes confessions, et de toutes convictions philosophiques.
Le pape François, en particulier, a été un acteur engagé de ce dialogue. Dans ses discours comme dans ses actes, il a toujours encouragé une alliance entre science et conscience. Il ne fuyait pas les questions contemporaines : intelligence artificielle, écologie, justice sociale, transhumanisme. Au contraire, il les abordait avec sérieux et humilité, cherchant toujours à placer l’humain – tout l’humain – au centre.
Son encyclique Laudato si’, que je vous invite vivement à lire ou relire, est un texte fort. Il dépasse largement les cadres confessionnels. Il parle de cette « maison commune » qu’est notre planète, de notre responsabilité collective, et de la nécessaire cohérence entre nos savoirs, nos technologies et nos comportements. Il y est question d’écologie, mais aussi d’économie, de fragilité humaine, de dignité. Un texte universel, pour notre époque troublée.
Le pape François disparaît, mais son héritage de dialogue reste vivant. Pour celles et ceux d’entre nous qui œuvrent dans les sciences de la vie, dans l’innovation, dans la recherche ou la médecine, il nous rappelle que progresser, c’est aussi savoir écouter. Écouter les voix de la sagesse, de la prudence, du soin. Écouter les silences entre les chiffres. Écouter ce que notre humanité attend de nous.