L’année 2024 marque un tournant pour les biotechs suisses, avec une nette reprise du financement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2,5 milliards de francs levés, soit +22 % par rapport à 2023. Un retour au dynamisme porté en particulier par les entreprises non cotées, qui ont enregistré un record de 833 millions de francs de financement — dépassant même les sommets atteints durant les années covid.
Mais ce rebond, aussi spectaculaire soit-il, cache une réalité plus contrastée. Tandis que certaines entreprises parviennent à lever des montants significatifs — comme Alentis Therapeutics (163 MCHF) ou Asceneuron (90 MCHF) — d’autres peinent à boucler un tour de table. Le succès semble donc réservé à une minorité, souvent déjà bien positionnée.
Dans ce contexte incertain, alimenté par les menaces de taxes douanières de Donald Trump et les annonces de délocalisation d’investissements de Roche et Novartis vers les États-Unis, le climat dans l’écosystème des sciences de la vie reste tendu. Pourtant, Michael Altorfer, directeur de Swiss Biotech, appelle à la nuance : la biotech est un secteur de long terme, où l’innovation s’inscrit sur 10 à 15 ans. Pour lui, l’essentiel est de maintenir l’attractivité de la Suisse pour les talents et de garantir des ressources suffisantes pour poursuivre les développements en cours.
Enfin, il rappelle un point fondamental : dans un secteur aussi globalisé que la biotechnologie, la collaboration internationale reste la clé. Ce n’est pas tant la géographie que la capacité à coopérer, à attirer les meilleurs, et à innover ensemble qui fera la différence.
Une Suisse biotech performante, oui — mais encore faut-il qu’elle reste un terrain de jeu inclusif pour toutes ses pépites, grandes ou petites.