Les progrès contre le paludisme menacés par une nouvelle forme résistante

Les progrès contre le paludisme menacés par une nouvelle forme résistante

Trois milliards deux cents millions d’individus dans le monde sont susceptibles d’être infectés par le paludisme, selon le rapport annuel que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu public mardi 9 décembre. Le risque est considéré comme élevé (supérieur à une chance sur mille au cours de l’année) pour 1,2 milliard d’entre eux. Selon les données les plus récentes, l’OMS a dénombré près de 200 millions de cas de la maladie et 584 000 décès associés pour l’année 2013. Des chiffres impressionnants mais qui constituent cependant une bonne nouvelle.

Entre 2000 et 2013, le taux de mortalité du paludisme a diminué de 47 % à l’échelle mondiale et même de 54 % en Afrique, la région la plus touchée. Pour les enfants de moins de 5 ans, la chute de la mortalité entre 2000 et 2013 atteint 53 % (58 % dans la région Afrique). Dû à un parasite – le plasmodium – transmis à l’homme par la piqûre d’un moustique, le paludisme demeure un problème majeur pour la santé publique mondiale. Il sévit à l’état endémique dans 97 pays et 90 % des décès surviennent en Afrique subsaharienne, surtout chez des enfants.

Le phénomène de résistance – ou du moins d’une diminution de l’efficacité – des traitements les plus récents s’amplifie en Asie du Sud-Est. Il fait craindre une extension géographique aux grands pays d’Asie — Inde et Chine — et, ensuite, à l’Afrique. Le phénomène concernant Plasmodium falciparum, le type de parasite le plus fréquemment en cause et celui qui est responsable des formes sévères, a d’abord été découvert en 2008 au Cambodge. La cause en est un traitement mal conduit ou mal suivi : prescription d’artémisinine en monothérapie, comprimés sous-dosés, interruption de la prise du médicament…

Une réponse coordonnée, l’Initiative régionale artémisinine, de surveillance et d’amélioration de la qualité des traitements, rassemblant ces cinq pays de la région du Mékong a été mise en place pour la période 2014-2016, avec un financement de 100 millions de dollars (81 millions d’euros) accordé par le Fonds mondial. Elle est la condition nécessaire pour empêcher la propagation des résistances à la Chine et à l’Inde.
Or, l’Inde pourrait servir de tremplin aux parasites résistants pour gagner l’Afrique. Ce scénario catastrophe n’a rien de théorique. C’est exactement ce qui s’est passé avec la chloroquine, l’ancien traitement de référence contre le paludisme, largement répandu de la fin de la seconde guerre mondiale aux années 1970, qui n’est aujourd’hui plus utilisé que par neuf pays dans le monde où il est encore efficace.

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