L’Amérique face au risque d’un brain drain inversé ?

L’Amérique face au risque d’un brain drain inversé ?

Matthias Doepke, économiste de renommée internationale, raconte à quel point les États-Unis représentaient pour lui un idéal académique dans les années 1990 : des salaires compétitifs, des universités efficaces, mais surtout un esprit d’ouverture et d’accueil. Un lieu où le talent était célébré, peu importe d’où il venait. En 2012, il devient professeur à Northwestern. Deux ans plus tard, il obtient la nationalité américaine.

Mais aujourd’hui, ce modèle d’attractivité semble s’éroder.

Le graphe récemment publié par The Economist est sans appel : l’Amérique perd de sa capacité à attirer (et retenir) les meilleurs cerveaux du monde. Plusieurs signaux convergent :

  • Des conditions d’immigration plus restrictives,
  • Une compétition accrue d’autres pays qui investissent dans la recherche et l’innovation,
  • Des coupes budgétaires dans les universités publiques américaines,
  • Une tension croissante entre politique et science.

Ce que ce brain drain inversé révèle, c’est que la réputation ne suffit plus. L’écosystème de la recherche est fragile, et sa dynamique dépend autant des financements que de la culture d’accueil et de collaboration.

Car, à long terme, ce ne sont pas seulement les universités américaines qui seront affectées — c’est la science elle-même. La circulation des idées, la confrontation des points de vue, l’émulation intellectuelle sont les moteurs de la découverte. Et si les lieux de cette effervescence changent, les cartes de l’innovation seront rebattues.

La Suisse et l’Europe ont là une opportunité. Encore faut-il savoir attirer ces talents — non pas seulement avec des salaires, mais avec du sens, des conditions de travail humaines et des systèmes qui valorisent la recherche fondamentale. Le cerveau fuit les frontières, mais il cherche un terrain fertile. Saurons-nous l’offrir ?

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