On me demande souvent ce que signifie « réussir » quand on est entrepreneur.
Je réponds souvent… que je n’aime pas ce mot.
Non pas parce qu’il est vide de sens — mais parce qu’il en a trop. Trop de définitions, trop de projections, trop de malentendus.
La réussite, pour certains, c’est un chiffre d’affaires, une sortie brillante, un enrichissement, la fameuse montre Rolex. Pour d’autres, c’est la résolution d’un problème complexe, ou la démonstration que leur idée avait du sens.
Et pour d’autres encore, c’est une reconnaissance sociale, un article flatteur, un plateau télé.
Dans le monde entrepreneurial, il existe bien sûr des métriques partagées :
la croissance, la profitabilité, la capacité à lever des fonds, à conquérir un marché, à recruter, à durer.
Elles ont leur importance… mais elles ne disent pas tout.
Car au fond, la réussite ne se mesure pas en absolu.
Elle se mesure en fonction d’un cap, d’une cohérence, d’une fidélité à soi-même.
Un entrepreneur peut bâtir une multinationale et rester fondamentalement vide.
Un autre, avec une entreprise locale, peut se sentir parfaitement accompli.
Je crois que l’entrepreneur qui réussit n’est pas nécessairement le plus intelligent, ni le plus brillant.
C’est celui qui est le plus déterminé, celui qui sait où il veut aller —
et qui reste aligné avec cette direction, malgré les tempêtes, les doutes, les chutes.
La clarté d’un cap, et la ténacité à s’y tenir, sont à mes yeux les vrais fondements d’une réussite durable.
Et si je devais formuler ma propre définition de la réussite, ce serait peut-être celle-ci :
Être encore debout, fidèle à sa vision, et capable de se réjouir de ce qu’on a construit — même si ce n’est pas parfait.
Cela me rappelle le discours
désormais célèbre d’Emmanuel Faber à HEC, où il mettait en garde les
futurs diplômés :
“Vous croiserez sur votre route l’Argent, le Pouvoir et la Gloire.”
Trois illusions qu’on confond souvent avec la réussite.
Mais le vrai défi, disait-il, c’est de ne pas s’y perdre. Et de rester fidèle à
soi.
Parce qu’en vérité, la réussite ne tient peut-être pas à ce qu’on atteint…
mais à la manière dont on avance.