Knowledge Security : protéger sans fermer, ouvrir en maîtrisant

Knowledge Security : protéger sans fermer, ouvrir en maîtrisant

Hier, lors d’une présentation éclairante, l’ambassadeur Jacques Ducrest a exposé l’état d’avancement d’un dossier aussi sensible que crucial : la knowledge security. Un thème qui touche au cœur même de notre modèle académique et économique — puisque la Suisse doit concilier deux impératifs qui semblent parfois s’opposer :
• préserver la libre circulation du savoir, pilier de l’innovation et de la collaboration scientifique internationale,
• tout en prévenant le transfert involontaire ou abusif de connaissances sensibles, dans un contexte géopolitique où la compétition technologique s’intensifie.

Ce qui m’a profondément rassuré dans cette présentation, c’est la finesse et la maturité de l’approche :
pas de liste noire, pas de fermeture brutale, pas de modèle punitif.
Au contraire : informer plutôt qu’interdire, responsabiliser plutôt que restreindre, promote to protect plutôt que protect to close.

Une ligne qui s’inscrit au cœur de la tradition suisse :
l’ouverture, la confiance, le pragmatisme, la proportionnalité — et surtout la conviction que l’innovation solide naît d’un écosystème qui circule, respire et échange. Toute fragilisation de ces valeurs mettrait en péril l’essence même de la Suisse, sa capacité à attirer, intégrer et transformer le savoir en progrès.

Un équilibre délicat dans un monde polarisé
Dans un paysage international où la « loi du plus fort » tend parfois à remplacer le dialogue, où les tensions géostratégiques compliquent les collaborations et où la méfiance s’installe, la Suisse choisit une autre voie : celle de la diplomatie scientifique, de l’agilité réglementaire et de la coopération éclairée.

La knowledge security n’est pas un mur : c’est une ceinture de sécurité.
Elle vise à protéger la recherche, non à l’entraver.
À anticiper les risques, non à stigmatiser les partenariats.
À maintenir l’ouverture — mais une ouverture lucide, assumée, consciente des enjeux.

C’est dans ce juste milieu, exigeant mais fécond, que la Suisse peut continuer à affirmer son rôle : un pays où le savoir circule, où l’innovation se construit dans la confiance, et où l’intelligence collective reste notre meilleure défense comme notre meilleure chance.

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