Faculté des Sciences de la vie de l’EPFL – 20 ans plus tard

Faculté des Sciences de la vie de l’EPFL – 20 ans plus tard

Un tel anniversaire ne peut que vous projeter dans le passé, vous questionner sur le temps écoulé … et vous interpeller sur le fait que vous y étiez. Heureusement, le reality check est effectué rapidement en rencontrant ses anciens collègues, ceux qui ont vécu de l’intérieur la naissance de cette faculté… et qui se souviennent de cette période héroïque. Tout était à faire. L’EPFL était un chantier fascinant.

Afin d’accomplir son plan de transformation, la nouvelle présidence avait décidé de dépoussiérer l’ancienne organisation s’appuyant sur des départements. L’École serait désormais structurée en centres d’excellence et en facultés portées par des Doyens. La petite dernière qui était au cœur de l’attention de Patrick Aebischer et de Stefan Catsicas, la Faculté des Sciences de la vie, me fut confiée. Si une vision préexistait, tout était à écrire…Ce projet avait l’immense avantage de démarrer ex nihilo, sans devoir composer avec un historique sclérosant. J’ai eu la grande chance d’orchestrer la traduction de la vision en stratégie, de contribuer à recruter le corps professoral, de concevoir et construire l’immobilier, de justifier le dégagement des budgets.

Le tout s’est opéré dans un contexte pesant. L’arrivée d’un médecin à la tête d’une école polytechnique et la création d’une nouvelle faculté basée sur une science considérée comme « molle », n’avait pas été digérée de tous. Et que dire des architectes s’étant vu dépossédés d’une partie de leur tout nouveau quartier afin de permettre un développement rapide de cette nouvelle faculté. Ce qui était initialement prévu pour être le bâtiment d’architecture d’intérieur (AI) fut rapidement affublé du pseudonyme d’«Aebischer Institute», ce qui en disait long sur les rancœurs entretenues par certains. Pourtant l’arrivée de personnes remarquables, le développement fulgurant de la faculté et surtout l’implémentation de la vision convainquirent rapidement les plus sceptiques… seule une minorité n’arrivera pas à se faire à l’idée, mais peu importe. Le sort fut également de notre côté. Qui aurait pensé que l’attentat contre le World Trade Center de New-York allait nous apporter une personnalité hors du commun ? Le professeur Henri Markram qui, alors qu’il planifiait son départ du Weizman pour les Etats-Unis, se laissa convaincre, au vu des circonstances, de faire halte à l’EPFL. Il allait personnifier les ambitions de l’EPFL dans le domaine des neurosciences en donnant naissance au Brain & Mind Institute et surtout au Human Brain Project, ce programme flagship européen bénéficiant d’un financement d’un milliard de francs. Parallèlement se développaient les compétences dans les domaines des cellules souches, sous l’impulsion du Prof. Barrandon, et de la bioingénierie qui allait attirer le prof. Jeff Hubbell, une personnalité remarquable. Mais surtout la faculté allait intégrer l’ISREC, l’institut de Recherche sur le Cancer la portant au pinacle de l’oncologie et de l’immunologie lausannoise et mondiale.

Revoir à l’occasion de ce vingtième anniversaire les pionniers de la construction de cette faculté, c’est se projeter dans un passé me paraissant si proche mais surtout reconnaître leur travail extraordinaire ayant créé les fondements du destin lumineux de cette faculté.

1 Comment

  1. Eric - September 8, 2022

    Great Benoît, great indeed !!!
    And many thanks
    Warmest regards.

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