C’est une question simple, presque provocante, mais
terriblement actuelle.
Et si l’obésité, cette pandémie silencieuse qui touche déjà des millions
d’individus, pouvait enfin être abordée comme une maladie que l’on traite — et
pas seulement que l’on gère ?
Selon The Lancet, d’ici 2050, six adultes sur dix et un enfant sur trois seront en situation d’obésité. Un basculement mondial, aux conséquences médicales, sociales et économiques majeures. Ce n’est plus un phénomène périphérique, mais un défi central pour la santé publique.
La bonne nouvelle ? Des traitements existent.
Une nouvelle génération de médicaments, agissant sur le métabolisme, l’appétit et les circuits de récompense du cerveau, est désormais sur le marché — y compris en Suisse. Certains, issus des thérapies du diabète de type 2, montrent une efficacité impressionnante. Ils sont perçus, à juste titre, comme une révolution thérapeutique.
Mais cette révolution a un coût.
Les assureurs suisses tirent la sonnette d’alarme : les remboursements pour ces traitements ont bondi de 93 millions de francs en 2022 à 143 millions en 2023. Cette envolée reflète une demande croissante, mais elle soulève une vraie question de durabilité : comment intégrer ces traitements dans un système de santé déjà sous pression, sans en compromettre l’équité ?
Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous faisons de cette avancée thérapeutique un levier de transformation positive — en la combinant à la prévention, au suivi nutritionnel, à l’activité physique et à un accompagnement durable — soit nous risquons de médicaliser un problème structurel sans le résoudre à sa source.
L’obésité est un symptôme d’un système en déséquilibre : biologique, social, environnemental. Les solutions doivent être à la hauteur de cette complexité.
Et si cette maladie pouvait être soignée… alors il nous revient de soigner aussi notre regard, nos modèles, et nos politiques de santé.