Tel est le message très fort du prof. Jacques Marescaux qui se trouvait à Genève la semaine passée pour échanger avec différents responsables d’institutions hospitalières sa vision du futur de la Chirurgie et plus généralement de l’hôpital de demain. Quand une personne plus qu’autorisée s’exprime en ces termes, cela résonne comme la fin de la récréation. Il en va de notre place dans la dynamique de l’innovation qui est le ressort de notre économie.
La montée en puissance scientifique et technologique de la Chine, autrefois considérée comme l’« atelier du monde », est en train de se transformer en celle du « laboratoire du monde », notamment dans le domaine des dispositifs médicaux, l’objet de la rencontre (nous y reviendrons!). Ce changement s’opère dans un contexte où la souveraineté technologique est plus que jamais au cœur des préoccupations, incitant les principaux leaders technologiques à réduire leur dépendance dans des secteurs stratégiques ce pour deux raisons : s’affranchir de contraintes logistiques telles que celles qui ont gravement entâché la disponibilité de biens et services durant la période du COVID ou pour éviter des dépendances à l’égard d’autre états. Cette tendance est particulièrement visible dans le cadre du « découplage » technologique entre la Chine et les États-Unis … où la quête d’autosuffisance devient un moteur central de l’évolution du secteur scientifique et technologique.
Les tensions entre ces deux puissances se manifestent par des politiques d’exclusion visant de grands acteurs technologiques, que l’on pense à l’accès aux réseaux de communication, ou encore aux restrictions strictes sur les exportations de semi-conducteurs. Pourtant, il a été observé dans certains cas que ces mesures, loin d’atteindre les résultats escomptés, avaient plutôt renforcé les capacités nationales et intensifié la compétition.
Dans cette dynamique, il est crucial de reconnaître que les écosystèmes technologiques reposent sur un degré élevé d’interdépendance. Bien que l’autosuffisance puisse sembler une option séduisante à l’heure où les tensions géopolitiques s’intensifient, elle demeure une aspiration non seulement difficile à réaliser, mais qui interpelle sur son acceptabilité si on pense aux coûts considérables en matière de bien-être et de progrès scientifique qu’elles pourraient générer.
C’est précisément ce que le professeur Marescaux soulignait en insistant sur l’importance de la collaboration. Il faisait référence à la Chine, un acteur clé de l’innovation mondiale, mais la question se pose dans un contexte bien plus large. Pour naviguer dans l’environnement complexe que nous connaissons, il semble impératif de privilégier des partenariats qui stimulent notre capacité à innover, plutôt que de s’enfermer dans un isolement contre-productif.