Un nouveau communiqué de presse finit sur mon bureau, celui de H+ (les hôpitaux de Suisse) qui demande plus de moyens, exigeant une correction immédiate des tarifs, en résumé « Payez-moi plus et je serai plus efficace ! » Mais l’histoire montre que plus on donne, plus on en redemande, sans voir d’amélioration structurelle.
La faîtière des hôpitaux exige une augmentation arbitraire de 25 %, sur la base d’une étude dont on sait qu’elle peut être orientée selon le narratif voulu. Mais ce chiffre n’est même pas ce qui me fait réagir. Le vrai problème ? Aucune remise en question de la part de la faîtière. Dans leur communiqué de presse, pas l’ombre d’une proposition, d’effort pour réorganiser les structures, optimiser les coûts ou améliorer l’efficience. Juste une exigence brute, sans contrepartie dans leur texte.
Pire encore, leur propre argumentaire les fragilise. Dans leur justification d’un manque à gagner, ils mettent en avant les litiges avec les assurances maladies. Mais comment s’étonner que les payeurs posent des questions quand la presse révèle des écarts aberrants dans la facturation des soins ? Ballonnets à 60 francs refacturés 1500 francs, stents achetés 300 francs revendus 2800 francs, pacemakers coûtant 3700 francs mais facturés plus de 14’500 francs (source : 24 heures). Cas isolés ? Peut-être. Mais que ces pratiques existent suffit à légitimer le doute… voire plus.
Un hôpital ne se finance pas uniquement par ses revenus, il se gère aussi par ses charges. L’ambulatoire est plus exigeant ? Certes. Mais des analyses objectives montrent que ces centres peuvent être rentables, à condition de travailler sur le volume et l’efficience. Alors pourquoi ne pas en parler ? Pourquoi ne pas mettre en avant les établissements qui innovent pour maîtriser leurs coûts, plutôt que de défendre un modèle dépassé, coûteux et inefficace ?
Nous avons choisi une autre voie. Avec le Réseau de Référence en Chirurgie (RRC) et l’ASACA (association suisse d’anesthésie et de chirurgie ambulatoire), nous avons décidé d’agir… ensemble, en partageant nos expériences. Notre objectif ? Prouver qu’il est possible d’améliorer l’efficience et la qualité des soins sans demander plus d’argent, mais en optimisant l’organisation, les processus et la gestion des flux.
Plutôt que de réclamer toujours plus, prouvons que des solutions existent et qu’elles fonctionnent. La santé est un bien commun et chacun doit prendre ses responsabilités. Charité bien ordonnée commence par soi-même : optimisons d’abord, exigeons ensuite.