Il existe deux façons d’être le numéro un. La première, la plus noble, consiste à performer, innover, dépasser la concurrence par le talent, l’effort et la vision. C’est ainsi que les grandes avancées se sont toujours faites, en élevant le niveau, en repoussant les limites, en imposant une excellence qui force le respect.
Mais il y a une autre voie, plus sournoise, plus facile : ne pas chercher à être meilleur, mais affaiblir son adversaire, l’empêcher de progresser, le neutraliser pour mieux régner. Et c’est malheureusement cette dernière approche qui s’exprime de plus en plus aujourd’hui. Non plus seulement entre États, mais aussi entre individus, entre entreprises, entre institutions.
Dans cette nouvelle ère, il ne s’agit plus de construire mais de déconstruire, de fragiliser de faire douter. Il est plus simple de semer la confusion que d’imposer une vérité solide, plus efficace de manipuler les perceptions que d’affronter une réalité que l’on ne maîtrise pas. La peur devient un outil de contrôle. Elle s’insinue dans chaque débat, chaque décision, chaque interaction. Plus besoin d’un ennemi clairement désigné : il suffit d’un climat d’incertitude permanent pour que chacun doute, hésite, se replie sur lui-même. Les États en usent pour déstabiliser leurs rivaux, les entreprises pour décrédibiliser leurs concurrents, les individus pour assurer leur propre ascension en affaiblissant ceux qui pourraient leur faire de l’ombre. Plutôt que d’exceller, on sabote. Plutôt que d’élever le niveau, on le tire vers le bas. Ce n’est plus la réussite qui prime, mais la capacité à détruire subtilement l’autre, à le marginaliser, à l’étouffer sous un flot d’incertitudes et d’attaques à peine perceptibles.
Le résultat ? Une société et des individus qui perdent confiance, soumis au stress permanent, aux injonctions contradictoires. La peur de se tromper, la peur d’être jugé, la peur d’être exclu… autant de pressions qui conduisent à la passivité. Car face à une réalité mouvante, il devient plus simple d’abandonner, de se fondre dans la masse, d’accepter ce qui vient sans résistance.
Ce que nous voyons aujourd’hui n’est pas un simple chaos passager. C’est une stratégie. Une nouvelle manière de gouverner et de s’imposer, où le pouvoir appartient à ceux qui savent manipuler la perception de la réalité. Si nous n’y prenons pas garde, nous nous retrouverons bientôt dans un monde où ce ne sera plus le droit qui régira nos sociétés et nos relations humaines, mais la peur. Et dans un monde gouverné par la peur, c’est toujours la loi du plus fort qui finit par triompher.
Thanks Benoît for this very true and lucid analysis. Let’s work together to successfully reverse this foul trends! JLHenrioul
Magnifique de lucidité et de simplicité !
Bravo pour cette belle vulgarisation.
Berlle suite
P . Barras