[Editorial] “Nous n’aidons que des personnes riches”

[Editorial] “Nous n’aidons que des personnes riches”

Le titre que vous lisez a peut-être eu l’effet d’un choc, ou vous a surpris. Je vous comprends, car j’aurais réagi de la même manière en lisant ces mots. Comment pourrait-on soutenir l’idée que ceux qui ont déjà de l’argent méritent encore de l’aide, alors que les plus pauvres sont en bien plus grand besoin ? Mais permettez-moi de vous expliquer pourquoi, aujourd’hui, je choisis de titrer ainsi, après avoir découvert un texte qui m’a interpellé, un texte dont le titre lui-même était une citation provocante de Bill Gates : “Ma fille ne va pas épouser un pauvre.”

Cette phrase a été prononcée lors d’une conférence sur l’investissement et la finance, où Bill Gates était invité. Dans la phase de questions et réponses, un participant, peut-être intrigué par le parcours de l’un des hommes les plus riches du monde, lui demanda s’il accepterait que sa fille épouse un homme pauvre ou modeste. La question a fait sourire l’assistance, mais la réponse de Gates m’a frappé, et je suis convaincu qu’elle mérite toute notre attention.

Il expliqua tout d’abord que la richesse ne se mesure pas uniquement à l’argent que l’on possède sur un compte bancaire. “La richesse”, dit-il, “c’est avant tout la capacité à créer de la richesse.” Il prit alors l’exemple de quelqu’un qui gagne de l’argent à la loterie. Même si cette personne empochait 100 millions, cela ne ferait pas d’elle un homme riche. Car dans cinq ans, elle se retrouverait probablement dans une situation de pauvreté à nouveau, faute de savoir comment gérer cette fortune. Cela, explique-t-il, est le paradoxe des gagnants de loterie, dont 90 % se retrouvent pauvres après seulement quelques années.

À l’opposé, certaines personnes, comme les entrepreneurs, sont riches sans pour autant avoir d’argent. Leur richesse réside dans leur intelligence entrepreneuriale, leur capacité à créer, à innover, à transformer des idées en projets concrets. C’est là que réside, selon Bill Gates, la véritable mesure de la richesse : non dans les biens matériels, mais dans la capacité à faire croître ces biens à travers la création, l’innovation et l’entrepreneuriat.

Il insiste sur la différence fondamentale entre les “riches” et les “pauvres”. La richesse est d’abord un état d’esprit, une vision, une capacité à évoluer et à créer.

En conclusion, lorsque Bill Gates évoque le fait que sa fille n’épousera pas un “pauvre”, il ne parle pas d’argent, mais de cette capacité à créer et à générer de la richesse. Il soulève ici une question fondamentale : la richesse véritable ne se mesure pas à la somme d’argent que l’on possède, mais à l’attitude face à la vie et aux opportunités.

Ainsi, “aider les riches” n’est pas un choix cynique de soutenir ceux qui ont déjà tout, mais plutôt un appel à valoriser et à encourager ceux qui ont la capacité de créer, de transformer et de faire croître. Car c’est cette capacité-là, cette mentalité d’entrepreneur et de créateur, qui fait véritablement la richesse d’un pays, d’une société, et, in fine, de chacun d’entre nous. C’est ce type de personnes, animées par la volonté de créer et d’innover, que nous cherchons à accompagner dans le cadre de Station R et UniverCité. Ces espaces dédiés à l’entrepreneuriat et à l’innovation sont conçus pour soutenir ceux qui ont cette richesse intérieure et la capacité de contribuer au développement d’une économie du savoir, capable de répondre aux défis d’aujourd’hui, de voir le présent et de dessiner le futur. En soutenant ces créateurs, ces visionnaires, nous investissons dans l’avenir, car ce sont eux qui bâtiront les ponts entre la recherche, l’industrie et la société, et feront rayonner notre innovation et créerons de la valeur économique et des emplois.

1 Comment

  1. Jean Philippe KUNZ - January 16, 2025

    Benois, très bonne initiative que de partager cette situation et d’en expliquer le but. En temps que multiple entrepreneur je partage complètement l’analyse qu’il faut soutenir un nouveau mindset. Néanmoins, nous les classes moyennes nous vivons tous cette situation à titre personnel lorsque nous sollicitons notre banque pour faire des investissements notamment pour la retraite ou financer des biens. Dans ces situations, ont nous fait bien comprendre que l’on ne prête ou fait faire de bonnes affaires qu’aux riches. Bonne journée. JP

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