La réflexion qui suit m’est dictée par de nombreuses rencontres humaines, où j’ai observé une tendance qui, selon moi, appauvrit notre expérience de vie : celle de rechercher sans cesse un but, un objectif final, dans chaque rencontre ou situation. Une vision utilitariste de la vie inciterait à ne rencontrer que des personnes « intéressantes », celles qui apportent une valeur directe, qui nous permettent d’atteindre une fin, d’accomplir un objectif. Pourtant, je crois fermement que cette approche réduit l’humain à un moyen et que la véritable richesse réside dans l’expérience des rencontres elles-mêmes, indépendamment de tout but précis.
Albert Einstein nous disait que « La vie est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. » soulignant le fait que l’important n’est pas la destination, mais le mouvement, le chemin parcouru. Dans la vie, l’intérêt ne réside pas toujours dans un but à atteindre, mais dans ce que chaque moment et chaque rencontre nous apportent en tant qu’individus. Les interactions humaines, loin d’être simplement un moyen d’atteindre une fin, sont des moments en soi qui donnent sens à notre existence. Le philosophe Kierkegaard, quant à lui, écrivait : « La vie peut seulement être comprise à l’envers, mais elle doit être vécue en avant. » nous invitant à prendre du recul et à comprendre que le sens de la vie se découvre au fil de notre expérience. L’existence ne trouve pas toujours son sens dans la réalisation d’un objectif précis, mais plutôt dans la manière dont chaque instant, chaque échange, chaque rencontre nous transforme. Il n’est pas question ici de négliger les objectifs, mais plutôt de remettre en question l’idée que tout doit absolument viser une fin. Ce processus de transformation est ce qui confère une profondeur à notre vie.
Il y a, dans chaque rencontre, une richesse qui dépasse l’aspect utilitaire. Ce que l’on apprend des autres, ce que l’on ressent en leur présence, ces échanges qui ne mènent à aucune finalité claire, sont pourtant ce qui constitue véritablement la substance de notre existence que Paul Valéry appelait l’effort « Ce n’est pas le but qui donne sens à l’œuvre, c’est l’effort. » ces moments partagés, les discussions sans objectif défini, sont ces instants qui, au fond, forment la toile de fond de notre existence. L’idée même de « but » ou de « finalité » dans une rencontre devient donc secondaire, voire secondaire dans la mesure où elle nous empêche de savourer l’intensité de l’instant.Dans un monde où l’efficacité, la productivité et la finalité sont souvent érigées en valeurs suprêmes, il est essentiel de se rappeler que la vie peut être vécue autrement. Les rencontres humaines ne sont pas uniquement des moyens d’atteindre des objectifs, mais des expériences enrichissantes en soi, qui apportent un sens profond à notre existence. C’est cette vision qui me pousse à privilégier des échanges authentiques, sans recherche exclusive de finalités, où la véritable richesse réside dans le partage d’une expérience vécue ensemble. Ainsi, loin de réduire l’humain à un simple instrument pour atteindre un but, je crois que chaque rencontre a une valeur intrinsèque. Gide nous invitait à nous concentrer sur l’essentiel « Ce qui est important dans la vie, ce n’est pas ce que l’on recherche, mais la manière dont on le recherche. » La quête d’un sens se fait dans la manière dont on se connecte aux autres, dans l’importance de l’instant présent. Finalement, ce n’est pas le but qui définit la qualité de la rencontre, mais la richesse de l’échange humain lui-même.