Editorial : Le respect comme mesure de la grandeur

Editorial : Le respect comme mesure de la grandeur

Il est si facile de rire des autres. De leurs inefficiences, de leurs maladresses, de leurs hésitations, de leurs manques d’initiative. Si facile de se sentir fort en méprisant ceux qui nous entourent, comme si leur fragilité ou simplement leur engagement différent révélait notre supériorité. Et pourtant, rien n’est plus trompeur.

Se moquer, persifler, dénigrer les autres, c’est oublier que chacun vit ses limites, sa propre complexité, ses peurs, ses combats silencieux. Tous ne sont pas des “super performers”, des figures brillantes ou impeccables — et c’est tant mieux. Derrière chaque imperfection, il y a souvent, une humanité simple, une volonté de mieux faire, de s’améliorer qu’il faut apprendre à regarder autrement.

Car se moquer de l’autre, c’est toujours révéler un manque. C’est nier une existence pour mieux gonfler la sienne. C’est confondre arrogance et affirmation. Le vrai courage n’est pas de briller au détriment des autres, mais de rayonner sans éteindre personne.

Qu’on se distingue donc par sa force morale, sa conviction, son engagement, ses compétences. Mais pourquoi ressentir le besoin viscéral de le dire, de le montrer, de prouver ? La vraie grandeur se reconnaît sans qu’on ait à la proclamer. Elle s’impose naturellement, sans bruit.
Et peut-être faudrait-il, parfois, simplement se taire.
Savoir se taire est un apprentissage salvateur pour la société. On est libre de penser, mais on peut s’abstenir de s’exprimer. Le silence n’est pas un renoncement : il peut être un signe de respect, de maîtrise, de sagesse.

Celui qui respecte l’autre dans sa différence, qui sait écouter sans juger, qui laisse la place au doute et à la diversité des talents, celui-là grandit vraiment.

Les autres, ceux qui persiflent, ne montrent au fond qu’une chose : la petitesse de ceux qui ne savent pas encore être.

Le respect n’est pas faiblesse — il est la forme la plus aboutie de la force.

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