Editorial : La diversité est une force. Mais quand devient-elle une fracture ?

Editorial : La diversité est une force. Mais quand devient-elle une fracture ?

Notre système de santé illustre parfaitement cette tension. Il repose sur une richesse d’acteurs, de structures et de modèles de financement qui en font l’un des plus performants au monde. Et pourtant, cette diversité glisse parfois vers une forme d’injustice silencieuse : celle où l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge dépendent de la capacité à payer.

L’enquête de la RTS le montre avec clarté : pour une même opération, le coût peut varier du simple au triple selon que le patient dispose d’une assurance de base ou d’une complémentaire. Une prothèse de hanche à 15’000 francs peut ainsi grimper à près de 30’000 francs, sans que la différence ne traduise une complexité médicale accrue — seulement un autre statut d’assuré.

Ce constat interroge : à quel moment la logique du choix devient-elle celle du privilège ?
Si la liberté de choisir son médecin et le confort d’un cadre privé font partie de l’offre, leur multiplication risque de creuser un fossé entre ceux qui peuvent accélérer leur parcours de soins et ceux qui doivent patienter. Une médecine à deux vitesses, non pas par manque de compétence, mais par différence de condition.

Le défi pour la Suisse n’est donc pas de niveler, mais de réconcilier : réconcilier la performance et l’équité, la liberté individuelle et la solidarité collective.

Car une société qui fait de la santé un bien marchand oublie qu’elle repose d’abord sur un bien commun : la confiance.

Et c’est elle, bien plus que le tarif d’une intervention, qui détermine la véritable santé d’un pays.

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