En cette période de vœux, où l’on regarde vers l’avenir avec espoir et intention, je ressens l’envie de partager une réflexion très personnelle résultant de la découverte ce dimanche matin du poème sublime de Lucille Clifton, Blessing the Boats. Ce texte est une invitation à déposer les poids inutiles du passé et à ouvrir un espace pour que le futur puisse émerger. Heureux sont ceux qui, en ce début d’année, se projettent avec espoir et sérénité. Mais beaucoup restent enfermés dans un vécu douloureux, prisonniers d’un passé qui paralyse et rend difficile la croyance en leur capacité à changer ou à se renouveler.
Pardonner, c’est bien plus qu’oublier ; c’est un acte purificateur qui libère le potentiel de ce qui est à venir. Mon ami, le professeur Marcel Garcia, avec qui je collabore sur une thérapie pour la maladie de Pompe, pourrait illustrer mieux que moi cette idée d’une manière allégorique : dans cette maladie, la cellule, privée d’un système d’épuration fonctionnel, se trouve étouffée par ses propres déchets, ce qui conduit à sa destruction. À l’image de cette cellule, notre esprit peut se retrouver saturé par la rancune, la colère voire la haine si nous ne savons pas pardonner. Cette accumulation finit par nous enfermer dans une noirceur qui éteint la confiance, brise les élans et réduit notre capacité à rêver et à nous projeter.
Le pardon, quant à lui, agit comme un souffle vital, une centrale d’épuration qui transforme la rancune en poussière d’or. Pardonner, c’est permettre au temps de respirer à nouveau, de remplir nos poumons avec l’oxygène du possible. Pardonner, c’est bénir sa propre vie et retrouver la capacité de croire en demain. En cette période de renouveau, il est essentiel de s’autoriser cette libération, car on ne peut construire l’avenir en portant les chaînes du passé.
Alors, en lisant ces mots, je ne peux que vous inviter à explorer les vertus du pardon. Pardonnez à ceux qui vous ont blessé, à vous-même, à ce passé qui semble parfois indépassable. Pardonnez encore, et encore, et encore car comme l’écrit Clifton, « pardonner, c’est bénir votre propre vie », c’est libérer l’énergie nécessaire pour avancer. Soyons attentifs à toujours laisser ce pouvoir élémentaire transformer la pierre de notre cœur en poussière d’or, tout comme la marée pardonne à la Lune et revient sans cesse transformer les montagnes en sable.
Pour conclure, je vous invite à écouter cette stance inspirante, un hymne à la capacité de se libérer et de renaître : Écouterici. Et, si vous ne l’avez pas encore fait, découvrez Blessing the Boats de Lucille Clifton : Lire ici. Que cette nouvelle année soit celle où vous embrassez pleinement votre pouvoir de transformation et de projection vers un avenir libéré et lumineux.
LE PARDON
Que la marée
ne se lasse jamais de son tendre labeur
comment, encore et encore
elle pardonne à la Lune
l’exil quotidien
et revient pour transformer
les montagnes en sable
comme pour dire,
toi aussi tu peux avoir
ce retour à la maison
toi aussi tu possèdes
ce pouvoir élémentaire
de transformer
la pierre dans le coeur
en poussière d’or.