Il est une confusion tenace de notre époque : celle qui consiste à prendre la visibilité pour l’impact. Comme si apparaître suffisait à exister. Comme si l’on pouvait, par la seule lumière des projecteurs, compenser l’absence de substance. Cette illusion moderne, portée par l’instantanéité et la culture du like, voudrait que le succès se mesure en mentions, en apparitions, en partages. Mais que reste-t-il, une fois les projecteurs éteints ?
L’impact, lui, se passe de mise en scène. Il est discret, parfois lent, souvent ingrat. Il naît de la persistance, de la rigueur, du travail. Il transforme silencieusement les idées en réalités, les intentions en actions, et les actes en réalisations tangibles. L’impact ne fait pas toujours du bruit, mais il laisse des traces. Il modifie les trajectoires, redessine les contours de la société, influe sur le réel. C’est pourquoi la réputation — la vraie — ne se décrète pas, elle se construit. Elle ne précède pas l’action, elle en découle. Et s’il doit y avoir visibilité, qu’elle soit le reflet d’un engagement, non son substitut. Combien de projets sont aujourd’hui façonnés non pour servir, mais pour être vus ? Combien sonnent creux malgré leur éclat ? Il ne suffit pas d’occuper l’espace médiatique pour marquer le temps.
Donner vie à un projet, c’est chercher à répondre à un besoin, à réparer un oubli, à prolonger un rêve collectif. C’est y mettre du sens, de la sincérité, et parfois même du silence. Car l’impact n’a pas besoin de clamer sa présence : il se manifeste dans les changements qu’il provoque, dans les vies qu’il touche. Alors, remettons les choses à l’endroit. Que la visibilité soit la conséquence, non le but. Que la lumière éclaire ceux qui agissent, et non ceux qui brillent sans chaleur. Et que chaque projet naisse non de l’ambition d’être vu, mais de celle — plus exigeante, plus noble — d’être utile.
Bonjour,
Je suis 100% d’accord!!!
Bonne journée, M
Cher Monsieur Dubuis,
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai eu envie de vous soutenir à la lecture de vos éditoriaux. (je passe tellement de temps devant les écrans, même encore à 75 ans, que les touches des claviers deviennent hostiles) mais ce dernier étant particulièrement juste, profond et bien écrit, je surmonte ma dyslexie au clavier et je me lance : Bravo !
Et tout est là, vous l’avez cité : le manque de substance. Me revient soudain en mémoire un excellent livre qui m’avait captivé il y a une dizaine d’années et qui résonne étrangement avec votre constat de départ, je le ressors de mes rayons : “La peur de l’insignifiance nous rend fous” de Carlo Strenger. (je viens aussi de terminer un excellent ouvrage de Cyrulnik, “des saisons et des âmes” qui pourrait vous intéresser dans la même veine réflexive.)
Mais je voulais surtout témoigner de mon expérience, modeste, ici depuis plus de 15 ans, en tant que “startupper”, et petit entrepreneur en santé, pour dire que l’impact se heurte malheureusement à l’immobilisme des petits profits largement entretenu par le statut ambigüe des pseudos institutions. Dans le sens que si l’innovation est trop disruptive en face d’un système bien rodé, dans un secteur apparemment de niche, celui de la petite enfance, où tout est politiquement et socialement bien huilé pour que rien en change – le surtout pas de vagues bien helvétique- et bien tant pis pour les nombreux patients qui n’en profiteront pas, encore plus si ce sont des enfants, d’autant plus qu’il n’y a pas de danger spectaculaire, émotionnellement parlant.
Je parle évidemment de mon domaine, mais la situation peut en concerner d’autres dans le monde médical ou de la petite enfance.
Tout ceci résonne particulièrement aussi avec votre texte pour le call à propos du Deftech-Day du 3 sept. mais le temps me manque pour vous développer tout ça. Le lien que je vous envoie dans un autre commentaire sur la recherche au sujet de la cohérence cardiaque vous ouvrira peut-être un peu plus la porte de la curiosité.
P.S. Nous nous étions déjà rencontrés il y a près de 10 ans, lors d’un des nombreux événements organisés par Genilem, à l’époque du lancement de notre projet “swisslol” de sucette disruptive pour bébé. Mais aussi le jour du lancement du “brain project” à Genève Sécheron, il y a longtemps aussi, mais j’y repense, un ou deux week-end par mois (en plus de la lecture savoureuse de vos éditos) lorsque nous allons à notre cours de west coast swing à Cacedis, en face de votre local.
Bref, en attendant, le plaisir éventuel d’une prochaine rencontre, merci pour vos éditoriaux et continuez comme ça “ne changez rien” pour paraphraser celui du 31 mars, où j’avais déjà hésité à réagir pour vous dire mon plaisir à votre citation de la phrase d’Einstein qui est inscrite sur la grande tasse dans laquelle je bois mon thé matinal, offerte par ma fille ainée il y a 10 ans.
VALE et amicales salutations,
Michael