Editorial : Bâtir des ponts, pas des murs : l’importance de la convergence

Editorial : Bâtir des ponts, pas des murs : l’importance de la convergence

Dans notre monde en accélération, les disciplines ressemblent trop souvent à des territoires fortifiés. Les scientifiques protègent leurs données, les ingénieurs défendent leurs méthodes, les artistes préservent leurs visions. Chaque domaine a son langage, ses rituels, ses gardiens. Pourtant, les défis auxquels nous sommes confrontés — climat, santé, vieillissement, énergie, cohésion sociale — ne connaissent pas ces frontières. Ils exigent ce que j’appelle la bioconvergence : la rencontre non seulement de la biotech et de la medtech, mais aussi de la science et de l’art, de l’imagination et de la rigueur.

À la Fondation Inartis, nous vivons cette convergence au quotidien. Nos lieux — UniverCité, Station R, les Makerspaces — n’ont pas été créés pour défendre un domaine contre un autre, mais pour provoquer des rencontres. Un ingénieur qui teste un capteur croise un designer qui en fait un objet que les gens ont envie d’utiliser. Un biologiste est bousculé par un artiste qui pose la question inattendue qui change la trajectoire d’un projet. Dans cette friction naît quelque chose de nouveau — quelque chose qu’aucune discipline, prise isolément, n’aurait pu engendrer.

Il est tentant de croire que la technologie, seule, nous sauvera. Mais avant l’intelligence artificielle, il y a l’intelligence humaine. Avant les algorithmes, il y a la confiance. La connaissance sans confiance est stérile ; la confiance sans connaissance est fragile. Ce qui compte, c’est l’écosystème qui les relie : des environnements ouverts, équitables et justes, où les idées circulent, où le risque est accepté, et où l’échec n’est pas une faute mais une étape.

J’ai souvent dit qu’il est parfois moins important de savoir que de savoir qui sait. Dans chaque recoin de la connaissance — biologie moléculaire, sciences des matériaux, ou art narratif — il existe des femmes et des hommes qui se sont posé les mêmes questions que nous. Les rassembler, faire résonner leurs expertises, voilà l’essence de l’innovation. Il ne s’agit pas d’« animer » un écosystème de l’extérieur, mais de l’incarner, d’en vivre les risques et d’assumer la responsabilité des résultats.

Art et science, biotech et medtech, humanités et technologie : aucun de ces mondes ne peut prétendre à la suprématie. Ils sont comme les branches d’un arbre. Chacune pousse vers la lumière à sa manière, mais la vitalité de l’arbre dépend de leur interconnexion, de ce réseau invisible de racines qui les nourrit. L’avenir n’appartiendra pas à ceux qui gardent leur champ fermé, mais à ceux qui osent bâtir des ponts — entre les personnes, entre les disciplines, entre les nations.

Le monde est notre maison commune. Il attend de nous non seulement des réponses, mais aussi le courage de collaborer. Ne perdons pas de temps à surveiller les frontières. Ouvrons les portes, traversons-les, et construisons — ensemble.

Le futur s’invente à l’interface entre art et technologie. Venez le découvrir et le célébrer demain, lors de la cérémonie de clôture du QART Challenge 2025, à 17h00 à UniverCité x StationR, Av. du Closel 5, CH-1020 RENENS.

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