Editorial : Le paradoxe qui sauve les entrepreneurs en temps de crise

Editorial : Le paradoxe qui sauve les entrepreneurs en temps de crise

Quand je mesure l’investissement d’entrepreneurs pour lever des financements, je pense au paradoxe de Stockdale. Ce paradoxe, forgé dans l’enfer des camps vietnamiens, nous rappelle une leçon essentielle : ceux qui survivaient n’étaient pas les optimistes naïfs qui répétaient « à Noël nous serons libres », mais ceux qui acceptaient la dureté de leur situation tout en restant convaincus qu’ils finiraient par s’en sortir.

Lever des fonds aujourd’hui relève parfois de la même épreuve. Les entrepreneurs s’épuisent à fixer des échéances irréalistes : « ce sera signé dans trois mois », « tout sera clos avant l’été ». Et lorsque ces jalons tombent à l’eau, la déception ronge l’énergie, jusqu’à briser l’élan.

S’inspirer de Stockdale, c’est accepter la longueur du chemin, la dureté du contexte, les portes qui se ferment, les promesses qui s’évaporent. Mais c’est aussi garder chevillée au corps la certitude que l’on finira par réussir, même si cela prend beaucoup plus de temps, même si les conditions sont mauvaises. La résilience des fondateurs ne se mesure pas à leur optimisme affiché, mais à leur capacité à avancer malgré les revers, à reformuler leur stratégie, à rester lucides sans jamais perdre la conviction intime qu’ils « prévaudront ».

Dans une période de financement difficile, c’est cette lucidité combative qui distingue ceux qui s’essoufflent de ceux qui traversent la tempête.

P.S. Le paradoxe de Stockdale vient de l’amiral américain James Stockdale, prisonnier de guerre au Vietnam pendant 8 ans. Il expliquait que ceux qui ne survivaient pas étaient « les optimistes » qui espéraient une libération rapide. Ils mouraient de désillusion. Lui a survécu en gardant la certitude qu’il prévaudrait… mais sans se bercer d’illusions sur la durée ni sur la dureté de l’épreuve.

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