L’ingénierie tissulaire est un domaine en plein essor et qui pourrait rapidement transformer la vie des patients. C’est ce que prouvent deux équipes de recherche dont les prouesses viennent d’être relayées par l’hebdomadaire scientifique britannique The Lancet. La première, menée par les Dr Ilario Fulco et Sylvie Miot de l’hôpital universitaire de Bâle, a réalisé des greffes d’ailes de nez façonnées en culture, chez des malades ayant subi une ablation chirurgicale de cette zone en raison de la présence d’un cancer de la peau. Il s’agissait de trois hommes et de deux femmes âgés de plus de 75 ans chez qui l’opération nécessitait une exérèse de plus de la moitié de l’aile du nez touchée et concernait à la fois la peau et le tissu sous-cutané. Le but était de façonner une nouvelle paroi nasale externe à partir de leurs propres cellules…
La seconde équipe, méxicano-américaine, a réussi à transplanter un vagin entier chez quatre adolescentes de 13 à 18 ans atteintes d’un syndrome rare (dit de Rokitansky) qui se manifeste par une absence partielle ou totale du vagin et de l’utérus. Pour créer de toute pièce cet organe, les équipes du Pr Atlantida Raya-Rivera et de Federico Gómez ont effectué une biopsie pour chaque patiente puis ont mis en culture des cellules épithéliales et musculaires sur des “échafaudages” biodégradables, adaptés à la morphologie de chacune des jeunes patientes. Les vagins obtenus ont été implantés. Les biopsies réalisées ensuite chaque année montrent que le tissu est similaire à du tissu vaginal normal. Et huit ans après, ces femmes se déclarent ravies du résultat, qui leur permet d’avoir une vie sexuelle épanouie.