L’histoire nous enseigne que le progrès naît souvent de la remise en question des normes établies. Cela est particulièrement vrai dans le domaine médical, où les technologies émergentes redéfinissent les pratiques traditionnelles. L’intelligence artificielle générative (GenAI) s’annonce comme un bouleversement majeur, offrant des opportunités inédites pour améliorer la santé humaine.
Le Dr Eric Topol, cardiologue de renom et pionnier des technologies médicales, illustre ce potentiel en identifiant trois domaines clés où la GenAI est prête à transformer la médecine :
Tout d’abord, la prévention personnalisée. Aujourd’hui, les soins préventifs s’appuient sur des critères généraux comme l’âge ou le sexe, limitant leur efficacité. Grâce à l’IA, il devient possible d’analyser des données complexes – profils génétiques, biomarqueurs, données protéomiques – pour identifier avec précision les individus les plus à risque et proposer des interventions ciblées. Une médecine proactive, adaptée à chaque patient, pourrait significativement réduire les maladies graves comme le cancer ou les pathologies cardiaques.
Ensuite, la GenAI promet de réduire les erreurs de diagnostic, souvent responsables de complications graves. En croisant en temps réel les données des patients avec une littérature médicale exhaustive, l’IA aide les cliniciens à identifier des pathologies rares ou complexes, surpassant les limites de la mémoire et des biais cognitifs humains. Cette synergie entre clinicien et IA pourrait établir un nouveau standard de précision diagnostique.
Enfin, l’IA réinvente les interactions médecin-patient, en automatisant la création de dossiers médicaux électroniques. Les médecins, libérés des tâches administratives chronophages, peuvent se concentrer sur ce qui compte vraiment : la relation humaine et les soins. Cette innovation réduit l’épuisement professionnel et améliore la qualité de l’expérience pour les patients.
À ces trois révolutions, s’ajoute une quatrième : l’accélération de la recherche médicale. Aujourd’hui, la collecte et l’analyse des données cliniques prennent des années. La GenAI, en exploitant les vastes quantités de données hospitalières souvent inexploitées, peut identifier rapidement des tendances, accélérant ainsi le développement de traitements et l’identification de patients à risque.
Ces avancées ne viennent pas sans défis. La sécurité des données et la résistance culturelle restent des obstacles majeurs. Pourtant, comme l’a prouvé l’adoption de technologies passées telles que les IRM ou les outils laparoscopiques, les bénéfices de l’innovation surpassent largement les compromis nécessaires. D’ici cinq ans, la GenAI pourrait devenir un outil standard en médecine, non pas pour remplacer les médecins, mais pour collaborer avec eux et les patients. Ensemble, cette triade – clinicien, patient, IA – promet des résultats qu’aucun d’eux ne pourrait atteindre seul. Dans cette révolution technologique, l’avenir de la santé semble plus humain que jamais. Le véritable défi sera d’adopter ces outils avec discernement, pour renforcer la pratique médicale tout en préservant son essence profondément humaine. Il en sera largement question lors du prochain congrès annuel de l’académie suisse des sciences techniques