Améliorer le séquençage de l’ADN en allant moins vite

Améliorer le séquençage de l’ADN en allant moins vite

Des scientifiques de l’EPFL ont développé une méthode qui améliore la précision du séquençage de l’ADN jusqu’à mille fois. La méthode, qui utilise des nanopores pour lire les nucléotides individuels, ouvre la voie à un séquençage de l’ADN meilleur – et plus économique.

Le séquençage de l’ADN est une technique qui permet de déterminer la séquence exacte d’une molécule d’ADN. Elle compte parmi les outils biologiques et médicaux les plus importants, car elle se trouve au coeur de l’analyse génomique. En lisant l’architecture exacte d’un gène, les scientifiques peuvent détecter des mutations, ou même identifier des organismes différents. Un moyen puissant pour séquencer l’ADN consiste à utiliser de minuscules pores, de dimension nanométrique, qui lisent l’ADN lorsqu’il passe à travers. Toutefois, le séquençage par nanopores peut s’avérer très imprécis, parce que l’ADN passe généralement très vite au travers. Mais des scientifiques de l’EPFL ont découvert un liquide visqueux qui ralentit le processus jusqu’à un millier de fois, améliorant ainsi fortement la résolution et la précision de la méthode. Cette découverte est publiée dans Nature Nanotechnology.

L’ADN es une molécule constituée de quatre composants de base qui se répètent. Ils sont appelés nucléotides, et sont assemblés en diverses combinaisons qui contiennent l’information génétique de la cellule, comme les gènes. Fondamentalement, ces quatre nucléotides composent l’ensemble du langage génétique. Le séquençage de l’ADN vise à déchiffrer ce langage, en le réduisant aux lettres individuelles qui le constituent.

Lors du séquençage par nanopores, l’ADN passe par un minuscule trou dans une membrane, tout comme un fil passe par le chas d’une aiguille. Le pore contient aussi un courant électrique. Lorsque chacun des nucléotides passe au travers du pore, il bloque le courant de manière spécifique, ce qui permet de l’identifier. Bien que puissante, cette méthode souffre de la grande vitesse avec laquelle l’ADN passe à travers les pores, une vitesse trop élevée pour permettre une lecture suffisamment précise.

A l’Institut de Bioengineering de l’EPFL, le laboratoire d’Aleksandra Radenovic a réussi à résoudre le problème lié à la vitesse en utilisant une liquide épais et visqueux, qui ralentit le passage de l’ADN de deux à trois ordres de grandeur. Le résultat est que la précision du séquençage s’abaisse jusqu’au nucléotide individuel.

La recherche a été accomplie par Jiandong Feng et Ke Liu, en collaboration avec des collègues du laboratoire d’Andras Kis à l’EPFL. Les deux chercheurs ont développé un film constitué de disulfure de molybdène (MoS2), d’une épaisseur de seulement 0,7 nm. C’est en soi déjà une innovation par rapport aux expériences qui utilisent du graphène dans ce domaine: l’ADN est une molécule assez collante, tandis que le MoS2 est considérablement moins adhésif que le graphène. L’équipe de chercheurs a créé ensuite un nanopore sur une membrane, large de presque 3 nm…

Source: EPFL

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