La Suisse doit s’attendre à «un revers conjoncturel majeur» cette année selon certains analystes. Depuis l’abolition du taux plancher, les risques d’une récession ne sont pas exclus.
«Les chiffres publiés mardi sont certes au-dessus des prévisions, mais ils ne donnent aucune information sur la situation actuelle», avertit Bernard Lambert. Le chef économiste à la division gestion de fortune de la banque genevoise Pictet fait référence à l’abolition du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS), mi-janvier.
Le renforcement du franc qui a suivi laisse présager «un revers conjoncturel majeur» cette année, selon l’expert. Même si avec un cours actuellement autour de 1,07 franc pour un euro, la situation est moins catastrophique que lorsque la devise helvétique s’échangeait à parité, voire en dessous, avec la monnaie unique. L’économiste s’attend à une «récession technique», soit deux trimestres négatifs à la suite.
Même pessimisme du côté des économistes de l’institut BAKBASEL, qui estiment que la décision de la BNS a considérablement modifié l’environnement économique, dont les conséquences sont attendues pour 2015 et 2016.
Les experts, qui publieront leurs prévisions la semaine prochaine, soulignent en outre que les importations, moins directement influencées par les effets de change, ont peu contribué à la croissance de 0,6% du PIB au quatrième trimestre. Dans le même temps, les facteurs de hausse comme la consommation privée et les exportations évoluaient vers un ralentissement.
Moins alarmiste en revanche, Thomas Gitzel, chef économiste de la banque liechtensteinoise VP Bank. Il relève que le franc évoluait déjà à un niveau élevé l’an dernier «en comparaison historique». Et que «malgré cela, les exportations se sont avérées relativement solides».
Pour l’analyste, il ne faut pas s’attendre à une récession cette année, «tant que le franc évoluera au-dessus de 1,05 franc pour un euro».