Chère lectrice, cher lecteur,
En ce matin de Noël, en me levant, ma première pensée a été pour vous.
Nous sommes jeudi. Un jour de grâce, certes, mais un jour où le monde ne s’arrête pas de tourner. J’ai d’abord hésité. Fallait-il respecter pleinement cette parenthèse et vous épargner toute intrusion dans votre quotidien ? Puis une autre évidence s’est imposée : le lien est peut-être ce qui compte le plus. Ce fil ténu qui nous relie, même — et surtout — lorsque le temps semble suspendu.
J’ai donc choisi une voie intermédiaire. Un éditorial, un cadeau de Noë et une invitation douce à faire un pas de côté, à retrouver la valeur des pauses sacrées — celles qui ne sont ni un arrêt, ni une fuite, mais un acte de régénération.
Noël, avant tout, parle de naissance. Et parce qu’elle revient chaque année, cette naissance devient renaissance. Si cette date est centrale pour sa dimension spirituelle, ce que j’apprécie tout particulièrement c’est sa rythmicité. Elle est là pour nous éviter de perdre pied dans un monde tourbillonnant, devenu un grand village où tout nous atteint instantanément, et où l’accélération est devenue la norme. Les années s’effacent à toute vitesse. Les contextes changent avant même que nous ayons appris à les comprendre. Nous avançons, parfois, comme des surfeurs de l’impossible, cherchant l’équilibre sur des vagues toujours plus imprévisibles.
Dans ce mouvement incessant, Noël agit comme un point fixe. Il nous rattache à une naissance vieille de plus de deux mille ans, et toujours aussi centrale pour nos vies, toujours là pour rythmer nos existences. Il nous rappelle que, pour avancer, il faut parfois revenir à l’essentiel. Que renaître n’est pas un luxe, mais une nécessité.
Les Noëls successifs sont autant de bornes milliaires sur notre chemin. Ils marquent moins la distance parcourue, que la capacité à nous transformer, à nous ajuster, à remettre ce qui compte vraiment au cœur de nos vies. Chaque année nous offre cette chance : celle de naître à nouveau, un peu plus conscients, un peu plus justes, un peu plus alignés avec ce que nous voulons être dans ce monde en mouvement.
Je vous souhaite de faire de cette pause un moment fécond.
Un moment pour respirer.
Un moment pour renaître.


