La lecture de dimanche dernier, tirée du livre de la sagesse – Évangile selon Luc, chapitre 14, versets 28–30 – m’a interpellé :
« Car lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer, de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever ? »
Une parole qui sonne comme une invitation à la prudence, à la rigueur, à la planification. Dans le monde de l’entrepreneuriat, c’est l’équivalent du business plan méticuleusement conçu, testé et validé avant même d’oser poser la première pierre.
Et pourtant… combien d’entrepreneurs choisissent une autre voie ? Ils se lancent sans plan figé, guidés par l’instinct, l’audace et la vitesse. Ils apprennent en avançant, adaptent en temps réel et, parfois, réussissent de façon éclatante. Leur force ? Transformer l’incertitude en opportunité, capter l’énergie du moment, oser avant que tout ne soit écrit.
Mais si l’on regarde de près, la frontière entre ces deux approches est moins nette qu’il n’y paraît. Nombre d’entrepreneurs « planificateurs » n’ont finalement triomphé qu’en dépassant leur plan initial, en le bousculant, en le réinventant. Leurs succès tiennent moins à la conformité à un schéma qu’à leur capacité à rebondir, à lire les signaux faibles, et à donner un coup de barre décisif quand le contexte l’exige.
Qu’on bâtisse patiemment une tour aux fondations solides ou qu’on avance l’instinct pour boussole, une vérité demeure : la véritable qualité d’un entrepreneur ne réside pas seulement dans la prévoyance, mais dans la capacité à se réinventer sans cesse.