Les esprits étroits cherchent à détruire la compétition, convaincus qu’ils ne peuvent briller que si les autres s’éteignent. Ils dépensent leur énergie à réduire les autres au lieu de se dépasser eux-mêmes. Cette stratégie à courte vue peut parfois offrir des victoires temporaires, mais elle est rarement durable.
Dans l’histoire économique récente, les exemples abondent de cette logique destructrice. Nokia et Motorola, autrefois titans des télécommunications, ont plus souvent concentré leurs efforts à se battre entre eux sur des parts de marché déclinantes, qu’à anticiper les ruptures de l’innovation mobile. Pendant ce temps, Apple, au lieu d’entrer dans ce jeu de l’affrontement direct, a redéfini l’expérience utilisateur et a élargi le marché lui-même, en attirant de nouveaux segments et en créant une plateforme d’applications qui a fait croître tout un écosystème autour de l’iPhone. Résultat : une marée montante qui a profité à des milliers de développeurs, designers et entreprises du numérique.
À l’inverse, les bâtisseurs, ceux qui pensent à long terme, savent qu’il est plus noble et plus durable d’agrandir le gâteau que de se battre pour une part figée. L’histoire de Salesforce et Slack, ou encore celle de Spotify et Shopify, montre qu’une collaboration bien pensée peut renforcer deux modèles d’affaires au lieu de les cannibaliser. En se connectant, en intégrant leurs services, ces entreprises ont créé de la valeur croisée, ont permis à leurs clients de bénéficier d’une offre plus complète — et ont toutes les deux progressé.
Dans l’innovation durable, l’esprit de coopétition (coopération entre concurrents) a fait ses preuves : Tesla a ouvert ses brevets de véhicules électriques, non par naïveté, mais par stratégie. Car plus l’industrie électrique progresse, plus Tesla devient centrale dans sa chaîne de valeur. Il en va de même pour des clusters comme la Health Valley en Suisse, où la mise en réseau entre start-ups, grands groupes et chercheurs ne dilue pas la valeur — elle la multiplie.
Lorsque l’on bâtit un écosystème, ce n’est pas en effaçant l’autre que l’on gagne, mais en le considérant comme un partenaire potentiel, un co-créateur d’opportunités. Dans cette logique, la croissance devient collective, inclusive et résiliente.
Car lorsque la marée monte, tous les bateaux s’élèvent. Ce principe est aussi simple qu’essentiel : une dynamique partagée tire tout un secteur vers le haut, renforce sa compétitivité globale, et attire davantage de talents, d’investissements et d’attention.
Faisons le choix de l’élévation, pas de la rivalité stérile. Faisons croître l’écosystème, pas les murs entre nous. Construisons des ponts plutôt que des murailles. Ensemble, changeons les règles du jeu — pour le bien de tous.