Non ! le leadership suisse en matière de recherche n’est pas garanti !

Non ! le leadership suisse en matière de recherche n’est pas garanti !

Les chiffres viennent de tomber : avec 34 milliards d’euros investis en 2024, les entreprises suisses se placent au 6e rang mondial en matière de dépenses de recherche et développement (R&D). Mieux encore, 14 entreprises suisses figurent dans le Top 500 mondial des sociétés les plus intensives en R&D, selon une étude EY.

En tête du classement helvétique, Roche, véritable géant scientifique, occupe la 9e place mondiale avec 16,1 milliards d’euros investis dans la recherche. Novartis suit de près, avec 9,3 milliards. À leurs côtés : Nestlé, ABB, Aptiv, DSM-Firmenich, Sandoz, Alcon, Givaudan, Swisscom, Sika, Swatch, Holcim et Schindler. Un écosystème impressionnant de diversité sectorielle et de profondeur technologique.

Mais au-delà du volume, c’est l’intensité de l’effort qui frappe : la Suisse affiche un taux d’intensité R&D de 7,1 %, la plaçant au 3e rang mondial, juste derrière les Pays-Bas et les États-Unis. Ce chiffre est un indicateur précieux : il exprime la part du chiffre d’affaires réinvestie dans l’innovation, et donc la vision à long terme des entreprises.

Et pourtant… malgré cette performance, la dynamique ralentit. Selon EY, les dépenses de R&D des entreprises suisses n’ont progressé que de +1 % en 2024, quand d’autres pays avancent bien plus vite : +6 % aux États-Unis, +7 % en Asie, +5 % en Europe.

La conclusion est simple, mais sans appel : le leadership suisse en matière de recherche n’est pas garanti. Il repose sur un capital industriel, scientifique et culturel exceptionnel – mais fragile, s’il n’est pas constamment renouvelé. Le différentiel d’investissement avec les entreprises américaines s’accroît, et avec lui, le risque d’un décalage technologique croissant.

La recherche n’est pas une charge. C’est le carburant de notre souveraineté, notre capacité à innover, à produire de la valeur, à répondre aux défis sanitaires, climatiques, numériques et géopolitiques. C’est aussi le levier d’attractivité pour les talents, les investisseurs, les collaborations internationales.

Il est donc temps, non pas de nous contenter du classement, mais de le mériter chaque année. Car dans l’économie de la connaissance, on n’achète pas sa place – on la construit, et on la défend.

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