Les coupes budgétaires américaines frappent de plein fouet les agences de l’ONU, menaçant des milliers d’emplois, notamment à Genève. Le gel des financements par les États-Unis, premier contributeur à hauteur de 22 % du budget ordinaire de l’ONU et de 27,89 % des opérations de maintien de la paix, plonge les organisations internationales dans l’incertitude. Des agences essentielles comme l’OMS, l’OIM, l’OMM et surtout le HCR, dont 40 % du financement provient des États-Unis, risquent de voir leurs programmes suspendus, impactant gravement les réfugiés et les opérations humanitaires. Les travailleurs sous contrat, particulièrement vulnérables, seront les premiers touchés, avec des non-renouvellements massifs de contrats.
À Genève, où plus de 32 000 personnes travaillent dans les organisations internationales, les répercussions économiques pourraient être lourdes. En 2020, 3,5 milliards de francs suisses ont été injectés directement dans l’économie suisse par ces institutions. Face à cette crise, la Suisse reste silencieuse et ne semble pas prête à compenser les pertes. Pire, les dépassements budgétaires du chantier de rénovation du Palais des Nations attisent les tensions, rendant l’avenir de l’ONU encore plus incertain.
Ce contexte de fragilisation doit être un électrochoc : Genève ne peut plus compter uniquement sur son prestige historique et son statut de ville hôte pour garantir son avenir. Pendant des décennies, la Suisse et Genève ont cru que leur neutralité et leur positionnement géopolitique suffisaient pour attirer et retenir les grandes organisations internationales. Mais le monde change, les équilibres se déplacent, et l’attractivité de Genève ne peut plus être tenue pour acquise.
Plutôt que de subir ces décisions extérieures, Genève doit s’affirmer, se réinventer et se positionner comme un acteur incontournable de la gouvernance mondiale et de l’innovation diplomatique. Il ne suffit plus d’être un centre d’accueil, il faut devenir un centre de proposition, de solutions, et de leadership. La Suisse doit prendre conscience que son influence future ne se décrète pas, elle se construit. C’est un défi, mais surtout une opportunité : celle de redéfinir le rôle de la ville et du pays dans un monde où les certitudes d’hier ne garantissent plus le succès de demain.