Le test de Turing, qui consiste à voir si une machine peut se faire passer de façon crédible pour un humain ? « Une blague ! » Dans un entretien vidéo mis en ligne en 2013, Marvin Minsky, lui-même prix Turing (1969), qualifiait de plaisanterie ce qui passe souvent pour l’épreuve définitive qui permettrait de qualifier d’intelligent un artefact créé par l’homme. Telle n’était pas l’intention d’Alan Turing, poursuivait le chercheur américain, dans ce blog consacré à la « singularité », ce point où les machines prendront définitivement l’ascendant sur Homo sapiens. L’intelligence, artificielle ou non, ne se laisserait pas enfermer dans un simple test, suggérait Minsky, après avoir passé l’essentiel de sa carrière à tenter d’en saisir l’essence pour la transmettre aux automates – et à constater qu’elle se dérobait en partie à ses efforts.
Marvin Minsky, né le 9 août 1927 à New York, est mort d’une hémorragie cérébrale, dimanche 24 janvier à Boston (Massachusetts). « C’était le dernier des pères de l’intelligence artificielle, un maître », estime Raja Chatila (Institut des systèmes intelligents et de robotique). Mais son éclectisme scientifique l’avait aussi conduit à inventer le microscope confocal et à proposer, avec d’autres, un concept de fontaine spatiale qui offrirait un accès permanent à l’espace.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, où il sert dans la Navy, il entreprend des études de mathématiques à l’université Harvard puis à Princeton, où il soutient sa thèse. Ces années d’apprentissage, racontait-il, le mirent en contact avec de nombreux chercheurs ayant fui l’Europe pendant la montée du nazisme et la guerre, qu’il pouvait croiser sur le campus – tels Albert Einstein ou Kurt Gödel…
Source: Le Monde