Une main bionique «comparable à une main greffée»

Une main bionique «comparable à une main greffée»

Une équipe autrichienne a mis au point une main bionique commandée par le cerveau offrant des avantages comparables à ceux d’une greffe. Elle permet d’assurer de nombreuses manipulations de la vie courante.

La revue médicale britannique The Lancet met en avant mercredi 25 février les cas de trois hommes autrichiens ayant bénéficié avec succès, entre avril 2011 et mai 2014, de la technique développée par le professeur Oskar Aszmann, de l’université de Vienne. Les trois patients cités ont été victimes d’accidents graves qui ont endommagé leur plexus brachial, un réseau de nerfs situé au niveau du cou et qui commande le mouvement des membres supérieurs.

Les blessures du plexus brachial représentent une sorte d’amputation interne, coupant le lien de façon irréversible entre le réseau nerveux et le membre. La procédure de reconstruction bionique implique donc que le patient accepte préalablement une amputation de la main.

Selon le professeur Aszmann, la reconstruction bionique est moins risquée que la greffe de la main pratiquée depuis 1997, qui nécessite la prise de médicaments immuno-suppresseurs très puissants, et aboutit parfois à la nécessité de réamputer le malade. «Dans le cas de la perte d’une seule main, je pense que la reconstruction bionique a plus de bénéfices, parce qu’elle n’a aucun effet secondaire et que la qualité de la fonction récupérée est presque aussi bonne qu’avec une greffe», témoigne le chirurgien autrichien à l’AFP. «Il n’y a pas de sensibilité, ce n’est pas de la chair et du sang, mais du plastique et des composants. Mais du point de vue fonctionnel, c’est comparable à la greffe».

Le premier exemple connu était un Lituanien de 21 ans né avec une malformation congénitale. Le professeur Aszmann a remplacé fin 2014 un de ses bras inerte par une prothèse robotisée. L’avancée majeure de l’équipe viennoise est d’avoir recréé une transmission complète de signal neurologique jusqu’à la main bionique. Cette dernière est équipée de capteurs qui répondent aux impulsions électriques fournies par les muscles.

Pour ce faire, le professeur Aszmann a greffé dans les avant-bras des patients des muscles prélevés à l’intérieur de leurs cuisses, puis greffé des nerfs provenant d’une autre zone de la moelle épinière que le plexus brachial. «La main est très loin du cerveau», explique le médecin: «Cela représente plus d’un mètre de régénération des nerfs. La seconde difficulté, c’est que la main elle-même a besoin d’un grand nombre de signaux envoyés par les nerfs pour faire ce qu’elle peut faire».

Avant leur amputation, les patients subissent un entraînement cognitif de plusieurs mois, d’abord en commandant une main virtuelle représentée en vidéo, puis en s’exerçant sur une main hybride attachée à leur véritable main. «Certains patients, au bout du processus, ne peuvent pas être candidats à la reconstruction bionique», explique encore Oskar Aszmann. «Soit parce qu’ils n’ont pas suffisamment de nerfs disponibles, soit parce qu’ils n’y sont pas prêts psychologiquement, ou bien encore faute d’un environnement adéquat», c’est-à-dire la possibilité de faire entretenir leur prothèse là où ils vivent.

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