Résistance aux antibiotiques : “Apocalypse now !”

Résistance aux antibiotiques : “Apocalypse now !”

Ce n’est pas du cinéma. La Société européenne pour la microbiologie clinique et les maladies infectieuses (ESCMID), prédit une “Apocalypse des antibiotiques en France d’ici à 2025 avec la propagation de bactéries résistantes provenant de Grèce et d’Afrique du Nord”. C’est le titre du communiqué que cet organisme – chargé de l’évaluation des risques, du partage des connaissances et des meilleures pratiques dans la lutte contre les maladies infectieuses – a envoyé hier à la presse française. Ce grave avertissement intervient alors que les plus grands spécialistes en matière de maladies infectieuses vont se réunir en congrès à Copenhague, en fin de semaine, pour étudier des solutions contre ce grave problème.

Selon les chiffres les plus sérieux (qui remontent à 2009…), environ 25 000 à 30 000 Européens meurent chaque année de la résistance aux antimicrobiens et le nombre total de décès dépasse désormais les 400 000. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEPCM) va fournir avant la fin de l’année des données pour 2013. Mais déjà, l’ESCMID prédit qu’au cours des dix prochaines années, le nombre de décès en Europe pourrait atteindre les 50 000 par an. La position internationale est encore plus critique avec, d’ici à 2050, un nombre annuel de morts de 10 millions, supérieur donc aux décès liés au cancer, au diabète et aux accidents de la route.

“En France, nous avons un problème important de résistance aux antibiotiques, étant donné que les bactéries résistantes venues de pays étrangers se propagent de plus en plus ici – notamment du fait de nos relations particulières de population avec l’Afrique du Nord, réservoir important de multirésistantes aux antibiotiques”, explique Patrice Nordmann, spécialiste ESCMID pour l’Hexagone et professeur en microbiologie à l’université de Fribourg. Murat Akinova, président de l’ESCMID y ajoute la résistance bactérienne provenant des États de la Méditerranée. Les nations européennes les plus affectées actuellement sont la Grèce, l’Espagne et l’Italie qui sont confrontées à un nombre grandissant de bactéries devenues résistantes “à la plupart ou toutes les formes d’antibiotiques connues”, précise le communiqué. Et nul ne sait comment ce problème va évoluer.

Hasard du calendrier, le journal Science Advances a publié vendredi dernier le travail de chercheurs américains qui ont découvert une grande résistance aux antibiotiques parmi les membres de la tribu des Yanomami. Or ils vivent dans la forêt amazonienne du Venezuela et n’ont quasiment jamais été en contact avec le monde extérieur. Certes, les auteurs s’attendaient à y trouver des résistances aux antibiotiques, puisque le phénomène existe depuis des millions d’années. Mais pas avec une telle fréquence ni avec une capacité de résistance aux antibiotiques synthétiques les plus récents. Les chercheurs souhaitent désormais retourner auprès de ces villageois qui ne sont pas exposés à beaucoup d’éléments de la vie contemporaine, en dehors de leurs tee-shirts, de leurs machettes et de leur consommation de boîtes de conserve…

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1 Comment

  1. Cathy Berthouzoz - April 23, 2015

    Faisons des microbes nos amis car nous perdrons la guerre contre eux!

    Mais tout d’abord, arrêtons de gaver nos animaux de boucherie d’antibiotiques. Ce qui signifie revenir à un élevage respectueux des animaux. Ce qui implique de manger moins de viande mais de qualité.

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