[Opinion] L’efficacité suisse mise à l’épreuve ?

[Opinion] L’efficacité suisse mise à l’épreuve ?

Les deux principales piles de ce qui reste du pont de Gênes ont été détruites vendredi dernier à l’explosif pour permettre la reconstruction d’une nouvelle structure. Des images toujours impressionnantes que celles de ces 4500 tonnes de béton et d’acier s’effaçant de l’horizon… mais le plus impressionnant, n’est-ce pas cette promesse « Gênes aura un nouveau pont à Noël 2019 ! ». Noël, c’est demain !

Rappelons-nous, l’effondrement du pont avait fait 43 morts en août 2018. Le caractère vital de ce trait d’union imposa une réaction immédiate : un projet est né de l’imagination du Renzo Piano, natif de Gênes qui a accepté de s’occuper de ce projet gratuitement, «comme forme de donation à la ville de Gênes», un budget a été établi, un consortium de construction rassemblé, les travaux attribués 4 mois seulement après son effondrement, les travaux ont commencé et on nous promet un nouveau pont pour Noël soit 18 mois après la catastrophe. On n’en n’est pas encore là, mais si ce projet se réalise tel qu’annoncé, nous serons forcés de remettre en question notre efficacité, nous qui sommes habitués à ce que des années passent entre la définition d’un besoin, la concertation entre les différentes parties, le financement et la matérialisation d’un ouvrage…ce même pour des projets d’une envergure infiniment plus réduite. Une réalité qui fait écho avec le commentaire du CEO d’une grande société pharmaceutique régionale qui avait grandement apprécié la proximité des autorités politiques et l’efficacité helvétique, mais s’inquiétait de l’érosion lente de ce facteur compétitif.

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1 Comment

  1. Raul Schlegel - July 4, 2019

    Très juste, la Suisse actuelle se complait dans une nostalgie d’un passé où nous étions comparativement plus efficaces, plus rapides et plus pragmatiques que bien des pays dans le monde. Aujourd’hui la réalité est totalement différente, un peu parce que les autres pays apprennent petit à petit à devenir plus efficaces et surtout parce que le nôtre se noie dans sa propre superbe, avec une auto-satisfaction qui nous rend aveugles de nos propres soucis. Les transports en communs ou individuels sont devenus tout aussi mauvais qu’ailleurs avec des bouchons permanents dans les villes et sur les autoroutes, qui sont même pires que dans les grandes villes européennes quand on rapporte ça à la taille des villes; les CFF sont en retard chronique sur les grands axes et aussi au maximum des capacités aux heures de pointe, tant en 2ème qu’en 1ère classe. Et pourtant on continue de payer le prix fort !
    Les administrations ont en grande partie raté le virage numérique : en France, pays don’t on s’amuse à décrier le service public, pratiquement tous les documents sont rapidement et facilement atteignables sur internet. Nous payons le prix ici de la fragmentation des administration où tout est répliqué 26 fois.
    Le développement immobilier est figé par des règles et des droits de recours qui repoussent tout projet à après-demain et donnent grande latitude aux nostalgiques qui veulent faire du pays un espèce de Ballenberg géant où Heidi peut continuer à courir dans les prés avec son chien berger.

    Et je passe sur pleins d’autres domaines, mais en résumé, juste un cri : Suisse, réveille-toi !

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