Après le journal en papier, disparaîtront les salles de cinéma et les télévisions. L’interface communicante avec notre cerveau sera de plus en plus proche et de plus en plus directe. Pour l’instant, nos sens ont encore un sens, un sens naturel qui sera phagocyté par le virtuel. Plus spectaculaire, plus divertissant, plus ego centré, plus pensée dominante, plus flatteur des vanités, le virtuel manipulateur deviendra la pensée. Je ne pense plus, donc c’est super.
Gandhi nous avait avertis, l’homme a fait la machine, l’homme s’est fait machine, il fonctionne, il ne vit plus. Nos corps biologiques vont donc se transformer pas après pas, pour à terme n’avoir plus rien à faire d’autre que fonctionner, comme un robot obéissant. Simple et stupide, avec peut-être de l’intelligence artificielle programmable à convenance. Triste existence. Intégralement consommateur, c’est la fin de l’homme créateur.
Investir dans la formation ? Tu parles, tout l’argent va au divertissement. En raccourci, l’argent va à l’argent. Le divertissement, cela occupe les esprits et cela rapporte immédiatement. La formation c’est fatiguant et cela va rapporter quand ? Aujourd’hui on ne fait plus de la recherche, comme Louis Pasteur ou Thomas Edison, on joue au poker, et on compte sur le hasard ou la chance.
Il s’agit donc pour les esprits nobles et vertueux d’entrer en résistance. En rêveurs et en poètes. De construire, d’inventer, d’innover, de surprendre, d’ouvrir des portes, d’offrir l’exemplarité d’un chemin inconnu. De parasiter l’interface convenu. De faire la révolution cérébrale. Une folie furieuse, un plaisir affamé, une vraie vie. Le plaisir ou l’ennui. C’est à vous de choisir.
Pierpaolo Pugnale, dessinateur philosophe