Cellules souches en thérapie : l’optimisme prudent des chercheurs

Cellules souches en thérapie : l’optimisme prudent des chercheurs

…La thérapie cellulaire repose sur deux types de cellules souches : celles dites embryonnaires, qui composent les embryons âgés de 5 à 7 jours. Faciles à cultiver et capables de se multiplier à l’infini, elles peuvent se transformer en tout type de cellules spécialisées (peau, muscle, intestin, veine…). Quant aux cellules souches pluripotentes induites (ou iPS), elles sont obtenues par reprogrammation génétique de cellules adultes spécialisées, généralement des cellules de la peau. Ces dernières sont alors capables de se multiplier à l’infini et de se différencier en différents types de cellules, exactement comme les cellules souches embryonnaires.

Le premier spécialiste français à utiliser des cellules souches embryonnaires chez l’homme, en France, est le professeur Philippe Ménasché. Il mène, depuis octobre 2014, un essai clinique de phase I à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris), dans l’insuffisance cardiaque sévère. “La première malade va bien, se réjouit le spécialiste. Il s’agit d’une femme de 69 ans opérée il y a un an.” Il y a huit mois, il a également traité avec succès un homme de 82 ans. L’intervention a consisté à placer dans la paroi du cœur (dans une poche créée dans le péricarde) un patch en fibrine recouvert de cellules souches, puis de réaliser un classique pontage pour améliorer l’irrigation du muscle cardiaque. Mais Philippe Ménasché rappelle que le pontage et “la chance” peuvent à eux seuls expliquer les bons résultats. Il faudra attendre la fin du premier essai (portant sur six malades) pour en savoir plus.
Le chirurgien parisien refuse – pour l’instant – que l’on attribue un rôle majeur aux cellules implantées. Le professeur José-Alain Sahel affiche la même prudence. Et pourtant, à l’Institut de la vision (Paris) qu’il dirige, des équipes ont mis au point un protocole clinique de thérapie cellulaire dans les rétinopathies pigmentaires (qui provoquent la dégénérescence progressive des cellules photoréceptrices de la rétine). Les expérimentations animales ayant donné des résultats positifs, les premiers essais chez l’homme devraient commencer en 2017. D’autres travaux portant sur la dégénérescence maculaire liée à l’âge, une autre maladie de la rétine, sont prévus ultérieurement. Et de nombreuses autres expérimentations sont en cours dans le monde entier.
C’est pourquoi Marc Peschanski regarde déjà plus loin : “la production des doses de thérapie cellulaire doit passer à l’échelle industrielle pour pouvoir satisfaire, dans un premier temps, les besoins dans le cadre d’essais cliniques et, demain, pour répondre aux besoins liés aux autorisations de mise sur le marché.”
Quelques chiffres permettent de comprendre les défis actuels : pour cicatriser une ulcération cutanée de dix centimètres carrés, il faut trois millions de cellules de l’épiderme obtenues en laboratoire. Aujourd’hui, en trois mois, on en produit à la main trois cents millions, de quoi traiter au mieux une centaine de patients. Or, rien qu’en France, plusieurs centaines de milliers de patients pourraient bénéficier de ce traitement. Il faut donc passer par la robotisation et l’automatisation. C’est le prochain défi relevé par Marc Peschanski !

Source: Le Point

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